Annoncée le mois de février dernier, la tournée du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, en Libye, s'inscrivant dans l'objectif de rapprocher les vues entre les parties en conflit, a débuté mercredi dernier. Le ministre algérien est bien accueilli par les frères-ennemis aussi bien à Tripoli qu'à Mesrata ou dans les autres villes du pays, et les discussions semblent aboutir progressivement. Hier, Abdelkader Messahel s'est entretenu avec Fayez El-Seradj, le président du gouvernement d'Union nationale, ainsi qu'avec le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Tahar Siala. Il a aussi rencontré le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Ahmed Miitij. Bien évidemment, les discussions ont porté sur les possibilités de sortie de crise à travers ce qui est appelé le dialogue inter-libyen inclusif et la réconciliation nationale. Les deux responsables, algérien et libyen, ne sont pas à leur première rencontre du genre. Fayez El-Seradj est venu à Alger trois fois depuis 2015, alors que le Messahel est allé en Libye plusieurs fois. Les deux responsables ont eu aussi l'occasion de se rencontrer ailleurs (dans des pays étrangers) à la faveur des conférences régionales et internationales sur les questions de sécurité et autres. La veille, jeudi, le ministre algérien a été accueilli des personnalités militaires relevant de la salle d'opérations de l'initiative El Bouniyane El Marsous, des députés, des notables et des représentants du Rassemblement politique. Mercredi, il s'était rendu dans les villes d'El Bayda et Benghazi. Dans des déclarations reprises par l'APS, Messahel a indiqué que «le message qu'entend adresser l'Algérie à travers cette tournée est on ne peut plus clair : Il n'y pas d'alternative au règlement politique consensuel inter-libyen». A ce propos, le ministre algérien évoquera «une éventuelle révision de l'accord politique sur la base des propositions formulées par les parties libyennes». Aussi, a-t-il assuré, «ma visite en Libye s'inscrit dans le cadre des efforts consentis par l'Algérie et fait suite aux orientations de son Excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de poursuivre ces efforts pour que nos frères libyens parviennent à un règlement politique inclusif qui consacre l'unité de la Libye». Hier, vendredi, à l'issue des différents échanges avec les parties libyennes, Messahel a affirmé avoir «perçu une forte volonté chez les libyens de parvenir à des solutions pacifiques à travers le dialogue politique inclusif». Il soutient que les libyens «en sont capables sans aucune ingérence étrangère». A Mesrata, le ministre algérien a remercié les jeunes pour l'accueil chaleureux qui lui a été réservé. Il a affirmé que «cela n'est point étranger à cette ville historique qui a consenti d'énormes sacrifices pour l'unité et la stabilité de la Libye». Il y a près de deux mois, Messahel a reçu, à Alger, une délégation de personnalités et de politiques libyens. Lors de cette rencontre, les libyens ont «fait une présentation sur les réalités de la situation politique qui prévaut en Libye et ont mis en relief les derniers développements survenus dans le pays et notamment à Tripoli, en soulignant l'importance et l'urgence de la résolution de la crise pour rompre l'impasse actuelle». Le ministre algérien a rappelé, de son côté, «l'engagement de l'Algérie en faveur de la stabilité de la Libye». Il est à rappeler que la tournée du ministre algérien en Libye a été décidée à l'issue des travaux de la dernière tripartite Algérie-Egypte-Tunisie, qui a eu lieu à Tunis, couronnée par la Déclaration de Carthage. Un sommet tripartite des chefs d'Etat des trois pays est aussi annoncé pour les prochains jours à Alger mais aucune date n'est encore fixée. Tout indique toutefois que les préparatifs vont bon train pour son organisation, et dans les meilleures conditions, dans un très avenir proche. Un défi pour l'Algérie qui, depuis le début du conflit en 2011 dans le pays voisins, n'a cessé de prôner la solution politique à travers le dialogue inclusif et la réconciliation nationale, rejetant avec force l'ingérence interne et l'intervention militaire. K. M.