De en plus d'artistes font de la résistance et adoptent la rue comme scène, en se mêlant directement aux citoyens dans les espaces publics et en créant de l'animation et de la bonne humeur. Même si leur nombre reste très limité faute de soutiens, ils font preuve d'audace et foncent dans le tas, en forçant indirectement la main aux responsables locaux pour leur venir en aide et les accompagner. Un peu partout à travers le territoire national, des groupes de jeunes volontaires se chargent de nettoyer, de repeindre, de colorer et de valoriser des coins de rue, des escaliers publics, des passerelles et des jardins. L'idée fait des émules et mérite d'être étendue à l'ensemble des villes et villages du pays. Toutes les collectivités locales doivent s'inspirer de cette dynamique naissante en faveur des arts de rue. Autrefois, les conteurs, les poètes et les prestidigitateurs se produisaient sur la place du marché et l'assistance, émerveillée par tant d'éloquence et de finesse, mettait souvent la main à la poche pour rétribuer leurs belles prouesses. Il appartient aux autorités, aux entreprises et aux citoyens d'agir conjointement dans ce sens, car c'est le chemin le plus court vers la socialisation tant souhaitée de la culture. Le hall de la gare ferroviaire de Biskra a été transformé, ces dix derniers jours, en galerie d'art par deux jeunes plasticiens qui rompent avec les sentiers battus pour vivre pleinement leur passion. Aller à la rencontre directe du public, investir la rue pour surprendre agréablement les passants, constitue, en effet, une tendance nouvelle dans la promotion du produit culturel qui ouvre des horizons infinis pour les créateurs et les producteurs. Midou Dembri (photographe) et Rafik Nahoui (peintre) ont dévoilé une vingtaine de leurs œuvres dans cet espace public grouillant de monde, au milieu des voyageurs, des cheminots et des curieux. Leur initiative a été unanimement saluée par les Biskris, les férus des arts plastiques et les médias qui assimilent leur louable entreprise à une œuvre d'utilité publique, dédiée à l'éveil de la conscience civique à travers la socialisation de la culture. Leur objectif premier n'est pas, non plus, celui, traditionnel, qui consiste uniquement à se faire connaître pour mieux vendre le produit de leur imagination, mais focalise, aussi, sur la création d'un événement rassembleur qui permettrait à des gens, ne serait-ce que pour un instant, de se côtoyer, de se parler et d'évoquer un tas d'autres choses en rapport avec le lieu, la ville, la chronique locale, l'actualité nationale ou l'histoire. «Ce n'est pas juste une exposition artistique pour réunir des intellos autour d'une œuvre et parler de la solitude de l'artiste. Mais il y a aussi des gens ordinaires comme vous et moi qui venons parler des choses de tous les jours, de l'histoire de la gare de Biskra, de leur famille et du temps où il y avait plus de trois trains qui partent quotidiennement vers Constantine à des heures vraiment adéquates à la vie du citoyen biskri, qui travaillaient, étudiaient ou avaient de la famille là-bas», précise Rafik Nahoui, qui regrette qu'il n'en reste, désormais, qu'une seule correspondance journalière à une heure inadaptée au commun des citoyens de la région. L'exposition, en plus de son apport purement culturel et artistique, est également un prétexte et une occasion pour mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans la cité et ce qu'il fallait faire pour améliorer la vie de tout un chacun. Ce type de contributions d'utilité publique doit être encouragé par les autorités et les mécènes afin de l'étendre à tous les coins de rue. Les directions de la culture, la commune, la wilaya, les galeries, les musées, les maisons d'édition, les entreprises économiques et les établissements touristiques devraient sponsoriser ces actions qui sont d'une grande importance dans la vie d'une ville ou d'une région. Il y a quelques mois, le collectif d'artistes «Trans-Cultural Dialogues» s'est pareillement illustré à El Hamma, dans la banlieue de Belouizdad à Alger. En étroite collaboration avec la commune et les résidents de ce quartier populaire, l'association a organisé une grande manifestation de street-art, permettant à sept artistes de réaliser des fresques murales, inspirées de «récits urbains», collectés par les organisateurs auprès de la population. Des hangars désaffectés de ce faubourg, qui était autrefois l'un des principaux sites industriels de la Capitale, ont été embellis au grand bonheur des riverains et des enfants de la cité. Il eut aussi de l'animation dans les rues et les placettes du vieux quartier. La bonne action de «Trans-Cultural Dialogues» a été aussi vivement saluée par tous les Algérois et tous les amoureux de la culture et des belles choses. D'autres artistes de rue (musiciens, poètes, portraitistes, photographes, bouquinistes, comédiens) font de la résistance, en se mêlant directement aux citoyens dans les espaces publics et en créant de l'animation et de la bonne humeur. Même si leur nombre reste très limité faute de soutiens, ils font preuve d'audace et foncent dans le tas, en forçant indirectement la main aux responsables locaux pour leur venir en aide et les accompagner. Un peu partout à travers le territoire national, des groupes de jeunes volontaires se chargent de nettoyer, de repeindre, de colorer et de valoriser des coins de rue, des escaliers publics, des passerelles et des jardins. L'idée fait des émules et mérite d'être étendue à l'ensemble des villes et villages du pays. La commune d'Alger-Centre, prenant conscience de l'importance de ce type d'événements de proximité, s'est engagée récemment à encourager les artistes de rue à s'y produire et à organiser de petites manifestations. Toutes les collectivités locales doivent s'inspirer de cette option en faveur des arts de rue. Autrefois, les conteurs, les poètes et les prestidigitateurs se produisaient sur la place du marché et l'assistance, émerveillée par tant d'éloquence et de finesse, mettait souvent la main à poche pour rétribuer leurs belles prouesses. Il appartient aux autorités, aux entreprises et aux citoyens d'agir conjointement dans ce sens, car c'est le chemin le plus court vers la socialisation tant souhaitée de la culture. K. A.