La scène culturelle en plein air s'exprime en jachère. Le talent. Voire l'initiative de s'illustrer sur des places publiques déserte les agendas des artistes amateurs ou professionnels. Les rares troupes folkloriques printanières venant en particulier du sud donnent l'impression d'un mouvement intramuros. C'en est un air de jérémiade mêlé à des rythmes de tambours et des prophéties ancestrales, renvoyant un message SOS aux populations locales. Plutôt qu'une tentative de socialisation. En face, musicien, plasticien, poète… hésitent à investir les aires disponibles de peur d'être récusés par la société. L'habitude ne s'est pas ancrée. Les gestionnaires des organismes culturels, qui ont pratiquement tout essayé, n'encouragent pas ce genre d'initiative. Ils privilégient les programmes flashant moyennant finance et espaces clos. Un premier pas tarde à voir le jour. Tenter des scènes hors des enceintes traditionnelles (théâtre, maison de la culture) afin de jauger les attentes réelles des citoyens en matière d'activité didactique. Du coup amorcer une nouvelle conception agencée apte à redonner un second souffle au secteur, confiné jusqu'ici dans des cercles officiels contrastés de mesures routinières. «On aimerait bien, mais l'environnement reste hostile à ce genre d'initiatives», lâche un artiste local. D'autres craignent des réactions imprévisibles des personnes dès lors que ces dernières demeurent rompues à des spectacles «carrés». Etant donné la disponibilité de quelques places authentiques, Constantine pourra abriter à longueur d'année des activités artistico-culturelles. Monuments aux morts, la brèche, la médina… Des points stratégiques nombreux. Les acteurs et artisans leur tournent le dos. Pourtant, il est des festivals qui sont nés dans des contrées loin des feux de projecteurs. Le Festival de Woodstock de musique et bien d'autres affiches qui ont vu leur audimat se multiplier à mesure que l'implication des régisseurs et citoyens grossit d'édition en édition. Il n'est pas demandé aux artistes locaux d'organiser un festival sur une quelconque pleine. Seulement un rayon culturel qui pourra inciter davantage l'audience à le brasser avec des représentations de socialisations ininterrompues aux fins fonds des régions. «La direction de la culture et les offices en charge du domaine ne font qu'accompagner les grilles proposées par les concepteurs», diront les responsables. L'initiative incombe aux artisans d'investir les aires favorables à l'animation en lettres, en musiques et en toiles. Les artistes et férus des arts se rappellent encore de la mésaventure du guitariste de la place Audin à Alger interpellé par les forces de l'ordre pour avoir gratté ses six cordes et chanté en donnant de la joie aux passants. Le vaste mouvement d'indignation aura émis un signal puissant aux insensibles à la magie que peuvent générer les muses. Et puis rien. Pas d'enchaînement. Seuls des essais en street-art qui colorent quelques coins. Les autres disciplines baillent aux corneilles faute d'une implication directe des concernés. C'est-à-dire les faiseurs de la scène. Les réticences perdurent devant l'indifférence et les concours préétablis édictés par la tutelle qui privilégie une animation «intra muros». Alors que la collectivisation est dispatchée irrégulièrement. L'éveil sonnera-t-il un jour seulement avec une synergie greffée par les responsables et les artistes ? La première démarche est en suspens. N. H.