Après le ministre de l'Energie Noureddine Bouterfa, naguère opposant quasi intégriste aux énergies non carbonées, c'est au tour du nouveau patron de Sonatrach de se monter nettement favorable à l'énergie solaire. Il a fallu attendre donc le récent 18e Sommet international du pétrole à Paris pour savoir qu'Abdelmoumène Ould Kaddour a emboîté le pas de son ministre de tutelle pour prédire de beaux jours en Algérie aux énergies non fossiles et notamment au solaire. Il a affirmé que Sonatrach visait à diversifier ses activités et à investir de plus en plus dans les sources d'énergies renouvelables, en particulier dans l'énergie solaire. En vérité, le tournant de la diversification énergétique, c'est le chef de l'Etat lui-même qui l'a pris en février dernier. Le président Abdelaziz Bouteflika avait en effet décrété que l'essor des énergies renouvelables est une «priorité nationale». Il fallait donc s'attendre à ce que le ministre de l'Energie et le P-dg de Sonatrach deviennent des adeptes des énergies alternatives. Et qu'un coup d'accélérateur soit par conséquent donné à l'application du programme ad hoc adopté en Conseil des ministres en mai 2015. Le chef de l'Etat avait rappelé à ce moment une plate, mais heureuse évidence, à savoir que le développement des énergies renouvelables «est à même de prolonger durablement l'indépendance énergétique de notre pays et de générer aussi une dynamique de développement économique dans son sillage». Le signe le plus tangible de cette conversion aux énergies non fossiles, est venu de Houston en décembre 2016 lors du Forum algéro-américain sur l'Energie. Sous forme d'appel à investisseurs nationaux et internationaux pour la réalisation d'une gigantesque capacité de 4 000 MW, en énergie solaire photovoltaïque. Le projet porte en effet sur l'installation de centrales électriques et la fabrication en Algérie des équipements dédiés. Il était donc plus que temps d'être résolument en capacité de produire de l'énergie solaire à grande échelle. Et comment pouvait-il en être autrement dans un pays qui a un des tous premiers taux d'ensoleillement annuel au monde ! Comme tout le monde ne l'ignore pas, et grâce à la géographie, l'Algérie dispose d'un des gisements solaires les plus importants au monde. La durée d'insolation sur la quasi-totalité du territoire dépasse les 2 000 heures annuellement et peut atteindre presque les 4 000 sur les Hauts-Plateaux et le Sahara, contre 2 800 sur le littoral méditerranéen. Une irradiation moyenne de 5 KWh/m2 par jour sur la majeure partie du pays, soit environ 1 700 KWh/m2/an au Nord et 2 263 kWh/m2/an au Sud. Comment n'avait-on pas pensé à se lancer plutôt dans l'énergie solaire en lui consacrant une place importante dans le mix énergétique ? Surtout lorsqu'on sait que dans un pays d'ensoleillement beaucoup moindre comme l'Allemagne, plus du quart de la consommation d'électricité a été couverte par les énergies renouvelables (EnR) en 2012, solaire photovoltaïque et éolien terrestre en tête. Et dire que d'aucuns ont longtemps tenté de faire croire qu'il n'existe pas d'alternative aux énergies fossiles, contribuant ainsi à la pollution des esprits, comme le soulignait pour son pays, Hermann Scheer, père de la loi allemande sur les EnR. Il était tout à fait heureux d'entendre alors Noureddine Bouterfa annoncer la création de la plus grande centrale solaire du monde. Station qui dépasse de très loin la centrale solaire marocaine Noor de Ouarzazate, qui est aujourd'hui la plus importante à l'échelle planétaire, et qui ne produira à terme «que» 500 MW, contre 4 000 MW pour le projet algérien. La future centrale solaire algérienne est donc à apprécier en rapport avec le secteur de l'énergie qui a une place hyper stratégique dans l'économie. Secteur qui contribue actuellement à près de 30% du PIB, à plus de 50% des revenus du budget de l'Etat, mais surtout à plus de 90% des recettes d'exportation du pays. Ce mégaprojet solaire s'inscrit dans le cadre de la politique énergétique nationale qui vise au développement et à la valorisation de toutes les ressources énergétiques. Le pari sur les EnR s'inscrit dans un programme mixte EnR et projets fossiles qui mobiliseront environ 100 milliards de dollars que le secteur prévoit d'investir d'ici 2020; soit un niveau absolument important vue la taille de l'économie algérienne. N. K.