Les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis ont annoncé vendredi dernier avoir pris plusieurs quartiers de la ville de Tabka à l'Etat islamique dans le cadre de la campagne visant à chasser l'organisation terroriste de sa «capitale», Raqqa, située non loin de là. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis ont annoncé vendredi dernier avoir pris plusieurs quartiers de la ville de Tabka à l'Etat islamique dans le cadre de la campagne visant à chasser l'organisation terroriste de sa «capitale», Raqqa, située non loin de là. Les FDS rassemblent plusieurs groupes de combattants kurdes et arabes syriens et notamment la puissante milice kurde YPG (Unités de protection du peuple). Celle-ci est considérée par le Pentagone comme un partenaire fiable en Syrie mais pas par Ankara qui la voit comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en lutte depuis 1984 pour l'autonomie des Kurdes de Turquie. Vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait savoir qu'il souhaitait que Raqqa soit plutôt reprise avec l'aide de rebelles qu'il soutient, à savoir ceux de l'Armée syrienne libre (ASL). Les FDS ont commencé leur campagne pour la reprise de Raqqa en novembre dernier mais son rythme a ralenti ces dernières semaines. En descendant du nord, les FDS essaient pour l'heure de reprendre le secteur de Tabka et son barrage, le plus grand de la Syrie, qui se trouve à une quarantaine de kilomètre en amont de Raqqa. Les FDS ont réussi fin mars à couper la Tabka du vaste territoire occupé par l'Etat islamique et qui va jusqu'en Irak et sont désormais déployées tout autour de la ville. Vendredi, les FDS ont annoncé avoir poursuivi leur percée dans la ville et pris les quartiers sud de Nababila et Zahra. Jeudi, elles avaient pris celui de Wahab. Dans ce contexte, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi qu'il essaierait de convaincre Donald Trump d'avoir recours à des forces soutenues par la Turquie pour reprendre Raqqa, plutôt qu'aux FDS, quand il rencontrera son homologue américain mi-mai. Selon Erdogan, le soutien de Washington aux combattants YPG fait du tort à «l'esprit de solidarité» avec la Turquie. «Pourquoi est-ce que nous demandons de l'aide aux organisations terroristes ? Nous somme là», a déclaré le président Erdogan lors d'une conférence à Istanbul. «La Turquie, les forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis et l'Armée syrienne libre tous ensemble peuvent les balayer (les combattants de l'EI). Ce n'est pas difficile pour nous.» «Je pense que nous pouvons y parvenir et je le dirai à Trump», a ajouté le chef de l'Etat turc. Le gouvernement turc craint la création d'un territoire contrôlé par les Kurdes syriens à sa frontière sud qui, estime Ankara, pourrait être utilisé en soutien à l'insurrection du PKK en Turquie et aider à la création d'un Etat kurde qui comprendrait aussi une partie du territoire turc. L'armée turque mène des frappes aériennes contre les YPG depuis plusieurs jours à la frontière turco-syrienne. «Nous n'autoriserons pas la création d'une corridor terroriste à notre frontière sud», a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Hier, il a réitéré son appel à Washington en estimant que son pays et les Etats-Unis, s'ils unissent leurs forces, pourraient transformer en «cimetière» de l'EI. «L'immense Amérique, la coalition et la Turquie peuvent unir leurs forces et transformer Raqqa en cimetière de Daech», a déclaré Erdogan lors d'une allocution à Istanbul. Le chef de l'Etat turc a affirmé qu'il présenterait à Donald Trump des «documents» prouvant les liens entre les YPG et le PKK, lors de leur rencontre prévue le 16 mai. «C'est ce que nous dirons à nos amis américains afin qu'ils ne s'allient pas à un groupe terroriste», a-t-il dit. L'opération séduction vis-à-vis de l'Amérique de Trump est loin d'être gagnée. Mardi, la Turquie a irrité Washington en bombardant en Syrie un QG des Unités de protection du peuple kurde (YPG), faisant au moins 28 morts, et en lançant un raid aérien en Irak contre une milice pro-kurde, tuant accidentellement six membres des forces kurdes irakiennes. Le département d'Etat américain s'était dit «profondément préoccupé» par ces frappes menées «sans coordination appropriée avec les Etats-Unis ou la coalition» internationale qui combat Daech en Syrie et en Irak. La Turquie est d'autant plus excédée que les YPG sont appelées à jouer le premier rôle dans l'offensive en préparation contre Raqqa, alors qu'Ankara semble en être tenu à l'écart, sa participation à une telle opération semblant incompatible avec celle des milices kurdes. Par ses frappes menées mardi, «la Turquie veut maintenir la pression sur les Etats-Unis, avant la rencontre de mai», décrypte Jean Marcou, chercheur associé à l'Institut français d'études anatoliennes. R. C./agences