Photo : A. Lemili La maison de la Culture Mohamed Laid Khalifa a abrité récemment une conférence de presse sur un sujet épineux, celui de l'enfance abandonnée. Le plus intéressant dans cette rencontre, c'est que l'animateur de la conférence a été lui-même un enfant abandonné et qu'il a écrit un essai sur ce sujet. Dans son ouvrage intitulé Pupille de l'Etat : l'appel d'un inconnu, Mohamed Cherif Zerguine évoque son passé d'enfant recueilli, la quête de son identité pour enfin matérialiser toutes ses pérégrinations autour du sujet par ledit ouvrage. L'auteur a tenu à souligner l'intérêt du ministère de la Solidarité, à partir du moment où le département de Djamel Ould Abbes ayant eu quelques échos sur l'idée d'un orphelin et ancien pensionnaire de foyer, enfant recueilli et adopté, d'écrire son histoire, pour se constituer partie prenante de l'œuvre en gestation et proposer par ses services la prise en charge. L'auteur fera une brève lecture de trois paragraphes de son œuvre, des paragraphes jugés représentatifs de son parcours, ou, du moins, de ses espérances pour des enfants qui ont eu le malheur d'emprunter des chemins dépourvus d'amour maternel. Il avouera ne jeter l'anathème sur quiconque, qu'il n'avait besoin de pardonner à personne parce que ce qui est arrivé devait sans doute arriver. «Je ne culpabilise personne et j'assume aujourd'hui mon statut de pupille de l'Etat comme je l'ai assumé dans la plus grande adversité. Heureusement, par ma volonté je suis arrivé là où j'en suis actuellement, n'ayant pas à me plaindre de ma situation sociale, familiale… d'autant que vous avez en face de vous un grand-papa. Ma satisfaction vient du fait d'avoir abouti dans ma quête d'identité le jour où j'ai décidé de partir à la recherche de mes racines, de mes origines et de mes parents», dira M. C. Zerguine dans un silence de cathédrale ; les personnes présentes buvant littéralement ses propos d'autant qu'il avait le verbe facile et d'un conteur. A la question que nous lui avons posée sur la responsabilité de sa mère, il répondra : «Je veux que vous sachiez que j'ai retrouvé ma mère, mais au-delà de retrouver cette mère vous ne pouvez savoir combien d'autres mères j'ai rencontrées sur mon chemin. Je n'ai ni à lui pardonner ni à la culpabiliser.» L'auteur, né un 14 novembre 1963, sera placé dans une pouponnière onze jours plus tard. Comme tout enfant dans sa situation, il séjournera dans un orphelinat avant d'être adopté. Il aura mis sept mois pour écrire son livre. M. C. Zerguine était bien accompagné dans la présentation de son livre car il suffisait de jauger de l'importance des personnes présentes à la tribune. : une moudjahida que tous les Constantinois d'abord et tous les hommes politiques ensuite, quel que soit leur rang, connaissent sous le surnom affectif de Tata, le doyen de l'université Emir Abdelkader (sciences islamiques) et un représentant de la direction de la jeunesse et les sports. L'ouvrage n'a pas encore été imprimé et sera sur les étals prochainement, selon les propos de l'auteur, comme il est également prévu une version en langue nationale qui paraîtra dans un trimestre. Pour l'anecdote, M. C. Zerguine a tenu à préciser qu'il n'avait pas d'accointance politique. Une réaction pour le moins inopportune dans un tel contexte.