En six ans, cette guerre dévastatrice a causé la mort de plus de 320 000 personnes et détruit l'économie et les infrastructures de ce pays. Les occidentaux, la Turquie et les pays du Golfe ont pesé de tout leur poids pour faire renverser le régime syrien même au prix de la destruction du pays. En embuscade, Israël qui occupe toujours le Golan sans que personne ne s'émeuve, tire les dividendes d'une fragilisation d'un Etat qui fait partie de l'axe de la résistance Les protagonistes de la tragédie syrienne se retrouvent à Genève pour une nouvelle série de discussions indirectes organisées par le médiateur de l'ONU qui tente sans succès jusqu'ici de mettre un terme à un conflit qui dure depuis six ans. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a accueilli la délégation du gouvernement syrien conduite par l'ambassadeur syrien aux Nations unies Bachar Al-Jaafari. «L'opposition» est représentée par le Haut comité des négociations (HCN) basé à Ryadh et menée par Nasr Al-Hariri et Mohammad Sabra. Cinq séries de pourparlers indirects (les deux délégations refusant de se parler face à face) ont déjà été organisées depuis 2016 sur les bords du lac Léman par De Mistura, sans résultat. En six ans, cette guerre dévastatrice a causé la mort de plus de 320 000 personnes, causé l'exil de plus de la moitié des Syriens de leurs foyers et détruit l'économie et les infrastructures de ce pays. Les Occidentaux, la Turquie et les pays du Golfe ont pesé de tout leur poids pour faire renverser le régime syrien même au prix de la destruction du pays. En embuscade Israël, qui occupe toujours le Golan sans que personne ne s'émeuve, tire les dividendes d'une fragilisation d'un Etat qui fait partie de l'axe de la résistance. Ces allégations contre Damas ne s'arrêtent d'ailleurs pas. Dernière en date des accusations «d'user de fours crématoires pour les prisonniers». Les efforts pour mettre fin à la guerre se mènent désormais sur deux circuits concurrents : le processus politique formel se déroule au siège de l'ONU à Genève, tandis que d'autres pourparlers axés sur la sécurité se tiennent depuis janvier à Astana au Kazakhstan, à l'initiative de la Russie et de l'Iran. Lors du quatrième round en février, Staffan de Mistura est parvenu pour la première fois à faire accepter par les parties au conflit un agenda avec quatre sujets de discussion : la lutte contre le terrorisme, la gouvernance (transition politique), une nouvelle Constitution et la tenue d'élections. Mais depuis, aucune avancée n'a été enregistrée. L'opposition poussée par l'extérieur ne cesse de ressasser un seul refrain : le départ du président Assad. Les négociations de Genève sont ainsi éclipsées par les pourparlers d'Astana. Ces derniers commencent à avoir du répondant sur le terrain. L'ONU cherche aujourd'hui à rester par tous les moyens dans la course, après l'important accord signé à Astana le 4 mai qui prévoit de créer des «zones de désescalade» en Syrie. Après cet accord, la réunion de Genève était devenue «urgente», a estimé De Mistura. Une «désescalade» ne peut être appliquée «sans un horizon politique», a-t-il affirmé. «Nous travaillons en tandem», a-t-il également dit, évoquant les processus d'Astana et de Genève. Comme lors des précédents rounds, l'ONU fera l'intermédiaire entre les parties. R. I.