Malgré son avènement relativement précoce, la boxe professionnelle en Algérie est toujours balbutiante. On peut même dire que la discipline peine à se faire vraiment une place dans le paysage depuis au moins deux décennies d'existence, voire beaucoup plus. L'organisation, les infrastructures, les moyens matériels et les sponsors lui font encore défaut. Tout un savoir-faire reste encore à mettre en place. Nos pugilistes, qui se sont engagés sur ce sentier sinueux, n'ont pas rencontré tout le succès et toute l'attention qu'ils méritent. On dirait que «ce marché» du spectacle sportif ne s'est pas encore suffisamment développé pour garantir son autonomie financière et faire, de lui-même, sa propre promotion. Cependant, des athlètes de grande valeur technique continuent de porter, haut et fort, l'étendard de cette boxe professionnelle algérienne en réussissant des prouesses dignes de grands champions. Pour ne parler que de la toute dernière génération, les parcours exceptionnels de Hocine Soltani ou de Mohamed Benguasmia sont éloquents à plus d'un titre. Mais à défaut de prise en charge et d'encadrement adéquats, nos valeureux chevaliers du ring éprouvent toutes les difficultés du monde à poursuivre correctement leur carrière. Leurs managers rencontrent un tas d'écueils pour organiser des galas de haut niveau à même de polariser l'attention des médias internationaux et l'intérêt du grand public d'ici et d'ailleurs. Cette publicité est évidemment d'une importance vitale dans ce cas de figure. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur Mohamed Yassa, une étoile scintillante dans le ciel de la boxe algérienne, est en train de parvenir à redorer ce blason –quelque peu terni- de ses prédécesseurs sur ce chemin semé d'embûches. Champion d'Afrique des poids légers, l'enfant prodige de Nacéria (Boumerdès) continue d'aligner les victoires pour s'imposer en challenger incontournable pour tous les internationaux de sa catégorie. Inscrit à la National Boxing Association (NBA), Yassa a eu le dernier mot dans 17 combats (10 K.-O.) sur les 23 qu'il a déjà livrés depuis 2002. En 7 années de métier, il ne s'est incliné que 3 fois, et a fait matche nul à trois autres reprises. Il est le récipiendaire de la ceinture de champion de la NBA et de celle de l'IBF International Boxing Fédération). Le Français Yohan Drone, le Béninois Adjava Yahan, le Polonais Sandor Bela, le Bulgare Kirkor Kirkorov et le Roumain Mihaita Mutu, entre autres ténors incontestés du poids léger, se sont déjà mesurés sans succès au champion algérien. Une carte de visite qui en dit long sur son potentiel athlétique et technique. A 32 ans, Mohamed Yassa a encore de beaucoup d'arguments à faire valoir dans la WBC (World Boxing Confédération). De grands promoteurs de la boxe professionnelle s'intéressent, désormais, de plus près à Yassa, et comptent lui programmer des galas en Algérie et à l'étranger. Le champion et son manager, Khelifa Mederres, se promettent de persévérer dans cette voie dans le but déclaré de redonner des couleurs à la boxe professionnelle en Algérie. «Je ne crains aucun adversaire. Je sais seulement que je dois constamment travailler car seul l'effort est à même de faire la différence», déclare invariablement Yassa. Comme une seule hirondelle ne peut faire, à elle seule, le printemps, les promoteurs, les chefs d'entreprise, les institutions et les fédérations sportives doivent coordonner leurs efforts pour faire la promotion des nombreux autres talents qui se lancent dans cette discipline. Cette synergie, qui fait actuellement défaut à l'ensemble du système, retarde visiblement l'avènement d'une véritable professionnalisation de la boxe en Algérie. K. A.