De notre correspondant à Constantine A. Lemili La notion même de médecine du sport est entrée dans les mœurs, quelque peu avec fracas, lors du lancement des réformes du secteur il y a près de trente ans. Il est vrai que les conditions étaient telles que, dès lors que l'Algérie participait aux différentes compétitions sportives internationales non plus pour faire seulement de la figuration mais aussi pour bouleverser l'ordre établi, c'était littéralement faire mauvaise figure que de ne pas disposer et des moyens d'accompagnement et des ressources humaines, autrement dit des compétences professionnelles à même de justifier une présence nationale dans le giron mondial. Sinon, jusque-là, les athlètes allaient à leurs disciplines sportives au petit bonheur la chance et c'est sans doute une hygiène de vie, par ailleurs involontaire parce que imposée par la conjoncture, qui a fait que ceux qui avaient parfois le devoir de représenter l'Algérie dans le concert des nations (différentes compétitions régionales, continentales et souvent intercontinentales) l'honoraient en fonction de leurs potentialités. Toutefois une forme d'organisation existait même au-delà de la nouvelle politique en matière de médecine sportive décidée par l'Etat. Nous évoquerons pour cela une médecine scolaire très bien installée au lendemain de l'indépendance au même titre qu'une médecine du travail, une décennie plus tard. Quoique ces deux pôles n'aient pas une influence directe sur l'activité sportive de tous les jours des uns et des autres, de possibles corrélations n'étaient pas à exclure en raison d'une bonne organisation administrative ici et là, mais aussi d'une circulation très fluide de l'information entre les différentes structures des secteurs concernés, à savoir l'éducation et, dans sa plus simple expression, l'école, le travail et l'unité, l'usine, l'organe des œuvres sociales et médicales de l'entreprise, voire sa direction. En tout état de cause, même si c'est à l'état embryonnaire, pour ne pas dire balbutiant, les risques d'exposition d'un élève ou d'un travailleur à la pratique contre-indiquée d'une activité sportive étaient effectivement réduits. L'intérêt accordé dès le début des années 1980 par les pouvoirs publics à cet aspect du sport par une prise en charge matérielle, financière et humaine et d'une manière très ostentatoire notamment en ce qui concerne les sportifs d'élite ou réputés en tant que tels allait néanmoins bousculer, plus à tort qu'à raison, des pratiques sans doute désuètes mais plus répandues et à l'impact plus positif sur la base. En répondant présent à bien des Mondiaux de football, aux Jeux méditerranéens, à des phases finales africaines et en en remportant beaucoup et plus particulièrement en handball, boxe, il est vrai que l'élite nationale mettait à profit de bonnes conditions de préparation, de récupération mais aussi et surtout de prise en charge médicale assurée par les structures spécialisées entre-temps créées. Comble de l'ironie, cette embellie n'a pas duré longtemps. Preuve en est que toutes les disciplines sportives rentreront dans les rangs à partir de 1990. Autrement dit, le basculement dans une période de turbulences du pays, accompagné d'une déliquescence générale dans la gestion, auquel le secteur des sports, laminé par une déliquescence des mœurs, payera un lourd tribut dont les conséquences sont comptabilisables jusqu'à aujourd'hui. Les rares sportifs qui échapperont à cette descente aux enfers sont ceux qui ont choisi, très souvent involontairement, de partir sous d'autres cieux où toutes les conditions de préparation et surtout de réussite étaient réunies. Les cas de Morceli et Boulmerka, entre autres, se passant de commentaires. Nonobstant les avantages de la médecine sportive sur la préservation de l'intégrité physique de l'athlète, d'une part, et la latitude de le doter des moyensde réussir en se surpassant dans un cadre scientifique normalisé, c'est également la faculté de contrer tout recours aux substances et autres procédés de nature à modifier ses capacités. Autrement dit, le dopage. Tout comme des comportements de nature à le soustraire aux mesures de contrôle. Or qui peut, aujourd'hui, ici et maintenant, affirmer que les sportifs n'ont pas recours à des substances interdites dans la mesure où la scène sportive et les compétitions qui l'animent ne sont qu'une véritable auberge espagnole. Pour l'anecdote, le tabac à priser ne constitue-t-il pas une substance dopante ! Or, les Algériens ont eu l'avantage d'apprécier en «live» à partir de Annaba ce geste ô combien inélégant d'un footballeur international et qui plus est professionnel, en l'occurrence Saïfi Rafik pour ne pas le nommer, placer une bonne dose de tabac sous sa lèvre inférieure lors d'une rencontre amicale, certes, mais internationale. En conclusion, il relèverait de l'autosatisfaction béate la plus assassine de croire, ne serait-ce qu'un seul instant, qu'il existe une véritable médecine du sport.