Le P-dg de Naftal, Hocine Rizou, a été limogé hier suite à une grande agitation au sein de l'entreprise, suscitée par la diffusion sur les réseaux sociaux d'une «vidéo indécente» qui l'aurait impliqué directement. Il a été immédiatement remplacé par l'ancien directeur général Hydrocarbures (DG HYD) du ministère de l'Energie, Mustapha Hanifi. Un limogeage auquel ne s'attendait pas le désormais ex-P-dg de Naftal, malgré la gravité des accusations portées à son encontre, surtout qu'il avait apporté un démenti formel et la direction Naftal a déposé plainte. Il n'empêche que la protestation des travailleurs a eu raison de lui et ce dernier serait à l'hôpital suite à un malaise sérieux. En effet, une vidéo «au contenu sexuel», mise sur les réseaux sociaux, a enflammé toute la maison Naftal et les flammes ont menacé de s'étendre à tout le pays. Ce qui pourrait expliquer cette décision prise «dans la précipitation», selon certains parmi ceux qui protestent contre le fait que la tutelle n'a pas attendu que l'enquête révèle tous ses secrets pour trancher la question. Mardi dernier, après la découverte de la vidéo et de son contenu, les travailleurs en colère, nombreux à exprimer leur indignation, ont organisé un grand rassemblement devant le siège de la direction générale de Naftal, qui est une filiale de Sonatrach, et ont exigé le départ du premier responsable. Une condition «indiscutable» pour mettre fin à leur action protestataire, qualifiant ce dont l'ex-P-dg est présumé coupable de vrai scandale. «Nous exigeons son départ, sinon ce sera la paralysie de tout le pays. Tout marche avec les produits de Naftal, les avions y compris. Imaginez donc les conséquences», ont lancé des travailleurs, décidés à en découdre avec celui qu'ils accusent d'avoir porté atteinte à la réputation de toute l'entreprise. Autrement dit, «à ses travailleurs en majorité des pères et des mères de familles». Le scandale a ébranlé toute l'entreprise et le mouvement contestataire a été déclenché de manière spontanée. Une grève sans préavis, chose que reprochent la direction et le syndicat de l'entreprise aux manifestants. «Il n'y a eu ni préavis de grève ni revendications socioprofessionnelles», ont répliqué les deux partenaires, défendant leur ancien supérieur, en assurant qu'il s'agit d'une affaire privée et qu'ils n'avaient pas à s'en mêler. Pourvu que cela n'affecte pas le fonctionnement de l'entreprise. Et c'est justement cela que reprochent, à leur tour, les mêmes travailleurs à l'ex-responsable. Selon eux, même si certains affirment qu'ils «admettent le fait qu'il s'agit de la vie privée de l'ex-P-dg», ils soutiennent que cela n'est pas sans conséquences directe sur le fonctionnement de l'entreprise. Ils évoquent les recrutements et, pire encore, des accords douteux du fait qu'un chantage aurait été exercé plusieurs fois sur le responsable pour l'obliger à contracter des marchés avec des partenaires qui ne répondent pas aux critères d'éligibilité et à recruter des personnes qui ne répondent pas aux conditions de recrutement. L'une des revendications des travailleurs protestataires était d'ailleurs de réviser les contrats signés depuis la nomination du mis en cause, en mai 2015. Malgré les accusations graves, le désormais ex-P-dg a décidé, jusqu'à hier matin, de faire face et ne pas céder à la pression, accusant les manifestants d'être «manipulés» ou actionnés par des parties qui tentent de déstabiliser Naftal ou sa propre personne. Il a démenti les rumeurs et a affirmé que la vidéo sur les réseaux sociaux n'est pas crédible et que les personnes qui y figurent sont totalement étrangères à l'entreprise Naftal. Dans un communiqué rendu public, la direction de Naftal a indiqué que «les premiers éléments de l'enquête communiqués par les instances spécialisées révèlent que les personnes qui figurent dans la vidéo sont complètement étrangères à Naftal». De son côté, le SG du syndicat d'entreprise, Lazher Adjroud, a affirmé que son organisation se démarque du mouvement protestataire lancé par les travailleurs. Selon lui, «cette grève est une simple “manipulation” qui vise la déstabilisation de l‘entreprise. Nous nous demandons pourquoi ce mouvement s'est déclenché maintenant». K. M.