La version avancée par l'administration de Naftal n'a apparemment pas convaincu la tutelle qui a voulu, par cette éviction, préserver l'image de marque de l'une des filiales les plus importantes du groupe Sonatrach. Deux ans, à peine, après son installation à la tête de l'entreprise, le P-DG de Naftal, Hocine Rizou, a été démis de ses fonctions hier. Le mouvement de protestation enclenché par les travailleurs pour dénoncer sa mauvaise gestion et réclamer son départ n'a, semble-t-il, pas laissé indifférent le ministère de l'Energie. La tutelle a aussitôt réagi et pris la décision de le limoger. L'intérim de la direction générale sera assuré par le directeur central des finances, Rachid Nadil, l'un des plus anciens cadres dirigeants de l'entreprise. Hocine Rizou a été, faut-il le rappeler, éclaboussé par un scandale d'une vidéo compromettante. Il aurait été, hier, selon nos sources, victime d'une attaque cardiaque qui aurait nécessité son hospitalisation, mais ses jours ne seraient pas en danger. Pourtant, la direction générale a rendu public, auparavant, un communiqué dans lequel elle a affirmé que les "personnes filmées dans la vidéo sont complètement étrangères à Naftal". La DG a évoqué ainsi une "tentative de déstabilisation et annoncé un dépôt de plainte". La version des faits de l'administration de Naftal n'a apparemment pas convaincu la tutelle qui a voulu, par cette éviction, préserver l'image de marque de l'une des filiales les plus importantes du groupe Sonatrach. La décision de sa destitution a été prise par le conseil d'administration de l'entreprise-mère tenu hier. D'autres sources affirment que M. Mustapha Hanifi, actuel directeur général des jydrocarbures au ministère de l'Energie, serait pressenti pour le poste de P-DG de Naftal. Cela étant, les travailleurs de Naftal ont poursuivi hier leur mouvement de protestation au siège de la direction générale à Chéraga. Ils ont exigé le départ du P-DG et de son staff. Ils étaient déterminés à maintenir leur action jusqu'à satisfaction de leur revendication. Les mêmes employés ont refusé de rejoindre leurs postes et ont préféré occuper la cour afin d'exprimer leur mécontentement vis-à-vis de leurs dirigeants à leur tête le premier responsable de l'entreprise. "Nous ne voulons rien négocier. Nous n'allons pas dialoguer avec une telle direction", déclaraient les protestataires en réponse au représentant de l'union locale de l'UGTA qui proposait l'ouverture d'un dialogue avec le l'équipe dirigeante. "Nous allons demander la désignation d'un intérimaire", leur suggérait-il. La majorité des contestataires a répondu par la négative : «Non, ce n'est pas à nous de désigner un intérimaire. C'est le ministère de l'Energie qui l'a installé et c'est à lui de le limoger". Les syndicalistes de l'entreprise présents sur les lieux se sont pliés devant la majorité et ont donc abandonné cette solution. "Nous revendiquons le départ du P-DG et de son staff. Que la tutelle prenne ses responsabilités et réponde favorablement à notre doléance", souligne un des agents sur un ton ferme. L'ensemble des employés rencontrés hier étaient convaincus que les jours du P-DG à la tête de Naftal étaient comptés. En tout cas, ils ne voulaient aucunement abdiquer. Le collectif allait, en tout cas, déposer un préavis de grève. "Si le P-DG n'est pas limogé, nous entamerons une grève illimitée jusqu'à ce qu'il soit viré", expliquait un membre du syndicat. Par ailleurs, un communiqué signé par le chef de cabinet de l'entreprise "réaffirme les engagements de la DG et du partenaire social à prendre en charge, dans un cadre serein et responsable, toutes les doléances et les préoccupations exprimées par l'ensemble des travailleurs en veillant à renforcer davantage les valeurs de l'équité et de justice". Cet appel du pied lancé par la DG en direction des frondeurs semble ne pas intéresser les travailleurs qui ne demandaient que le limogeage définitif du P-DG. Durant son "règne", le désormais ex-P-DG a bloqué, selon les travailleurs, les recrutements, les titularisations et les promotions du personnel. Après avoir confirmé la nouvelle du limogeage, les travailleurs ont décidé de reprendre le travail aujourd'hui. B. K.