«J'ai l'intime conviction que ni hier, ni aujourd'hui, ni demain, l'Etat hébreu ne veut d'un Etat palestinien», a martelé hier le journaliste et ex-parlementaire belge, Luc Beyer, lors du «colloque international sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés à Ghaza : documentation matérielle et qualification juridique pour une action pénale internationale». Cette rencontre est organisée à l'hôtel Hilton par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) en collaboration avec la Coordination de la société civile algérienne d'action et de solidarité avec Ghaza. Tout en informant avoir visité Ghaza dans les années 70, une ville aux «rues murées» déjà à l'époque, l'intervenant belge a dénoncé la position des pays de l'Union européenne (UE), qui, après avoir incité le Hamas à se présenter aux élections, l'ont lâché et remis en cause une victoire pourtant populaire. Il dénoncera particulièrement la position de la France qui a demandé à rehausser les relations avec Israël à la veille de la guerre sur Ghaza. Et de conclure en soutenant qu'Israël est «un danger pour la Palestine et pour la paix mondiale». «Israël a transformé Ghaza en une prison à ciel ouvert», a déclaré, pour sa part, Pierre Lafrance, ex-ambassadeur, qui cite le développement des colonies dans les territoires occupés et les atteintes au «pouvoir-vivre». Et d'ajouter : «L'image qui me vient à l'esprit est celle d'un boa enserrant un mouton, il est donc naturel que ce mouton se débatte. On ne peut exiger des Palestiniens de négocier sans se débattre. Nous demandons la paix avec la perspective de deux Etats. Il faut reconnaître le droit des Palestiniens de vivre sur les terres d'où ils ont été chassés.» L'intervenant réfute à ce propos l'argument évoqué par les Israéliens selon lequel ils doivent obéir à ordre divin : «L'ordre international est aussi un ordre divin.» L'ex-diplomate tient toutefois à préciser que le droit international apparu à la suite de la Seconde Guerre mondiale est «une œuvre incomplète en cours de renforcement et de précision». Et d'interpeller l'Etat d'Israël pour qu'il n'oublie pas les représailles dont les Israéliens ont été victimes par le passé afin qu'il évite de les perpétrer à son tour. «Le cas de Ghaza est le plus grave des crimes contre l'humanité et la violence engendre d'autres violences», conclut-il. Bref mais ô combien poignant a été le témoignage de Mamdouh Djaber, un Palestinien ayant perdu deux frères lors de l'agression israélienne sur Ghaza. L'un d'eux, dira-t-il non sans émotions, avait l'âge de 17 ans, et ne l'a jamais connu, et l'autre occupait la fonction de chef de la police de Ghaza. «Juste avant sa mort, il devait faire sortir du commissariat une unité de 500 policiers, mais à la dernière minute, il s'est ravisé et ne l'a fait que pour 150», raconte-t-il. Un autre Palestinien, enseignant de français à Ghaza, livre le témoignage de celui qui a assisté à «une horreur inégalée» et qui considère, néanmoins, que la véritable guerre est celle qui a suivi l'extinction des armes et accentué le chômage et la misère des Ghazaouis. Pour autant, il se dit porteur d'un «message de paix et d'espoir». Le Dr Khouidmi a ceci d'important qu'il dévoile concrètement comment Israël a usé à volonté d'une arme interdite, le phosphore blanc. Ce dernier, médecin spécialiste des catastrophes, s'étant rendu sur les lieux dès les premiers jours de l'agression israélienne pour venir en aide à ses collègues de l'hôpital Chiffa dans leur prise en charge des quelque 5 000 blessés palestiniens. M. C.