C'est une question qui revient après chaque attentat en Europe : les lieux publics - ici français - sont-ils suffisamment protégés ? Augustin de Romanet, PDG de Paris Aéroports l'assure, les passagers qui prennent l'avion peuvent voyager l'esprit tranquille. «Les événements de Manchester ne nous ont pas poussés à revoir nos procédures de sécurité. Nous avons déjà pour objectif une sécurité maximale. L'Etat est extrêmement engagé, notamment dans les aéroports où la présence de l'armée est considérable», a-t-il expliqué dans EcoSystème sur Europe 1. En termes de sécurité, les aéroports d'Israël sont souvent cités en exemple. Augustin de Romanet s'est lui-même rendu à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv pour voir ce qui est fait là-bas. «Je m'attendais à être estomaqué face à des mesures qui n'auraient rien à voir avec ce qui se fait en France. Et en fait non. Même si on peut toujours faire mieux, les dispositifs de sécurité des aéroports de Paris sont d'un très bon niveau», affirme-t-il. «Les niveaux supérieurs que j'ai vus en Israël seraient difficilement transposables en tant que tel. Nous avons 66 millions de passagers par an. C'est tout bonnement impossible de mettre en place le même type de checkpoint où potentiellement tous les bagages seraient ouverts et fouillés. Nous avons essayé et cela a donné dix kilomètres de bouchons.» - 9 000 caméras de surveillance - Pour assurer la sécurité des passagers, Paris Aéroports mise énormément sur les caméras de surveillance. Il y en a 9 000 actuellement sur les deux aéroports. «Aucun endroit de nos parkings ou de nos terminaux n'est sans surveillance. Nous ajoutons 1 500 caméras supplémentaires par an», précise Augustin de Romanet. «Nous avons un système d'identification des plaques d'immatriculation qui permet d'enregistrer chaque véhicule. Il y a aussi les caméras d'analyse comportementale, pour détecter les comportements suspects. C'est encore au stade de l'expérimentation mais c'est une voie d'avenir. Nous allons les renforcer et les installer définitivement d'ici la fin de l'année», détaille le patron des aéroports parisiens. - Des files d'attente de deux heures - L'enjeu pour les grands aéroports est de parvenir à sécuriser totalement ces lieux très passants tout en maintenant une circulation fluide. Un dilemme compliqué. «Ce qui pose problème, c'est le contrôle des passeports. Les temps d'attente à la police aux frontières sont inacceptables», concède Augustin de Romanet. «La semaine dernière à Orly, nous avions par moments 3 500 personnes, avec des queues qui excédaient deux heures.» Une attente irréductible qui permet aux agents de police de vérifier minutieusement l'identité des passagers qui entrent sur le sol français. Mais les files d'attente ne sont pas une fatalité, notamment grâce aux «systèmes automatisés de lecture optique des passeports». Le groupe ADP a donc «décidé, alors même que c'est la compétence de l'Etat, de financer l'intégralité des dispositifs nécessaires. Nous voulons rendre ce système éligible à 40% des personnes, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, notamment en développant la reconnaissance faciale. Au lieu d'apposer votre doigt pour le contrôle biométrique, il faudra regarder une caméra. Nous sommes en phase de test et l'application dépend de la célérité des informaticiens du ministère de la Défense», explique le patron des aéroports parisiens.