Le président français, Emmanuel Macron, effectuera «dans les toutes prochaines semaines» une visite en Algérie. L'information a été rendue publique par El Mouradia ainsi que par l'Elysée, sans qu'aucune des deux présidences ne précise la date. C'est lors d'un échange téléphonique jeudi dernier, entre Emmanuel Macron et le président de la République Abdelaziz Bouteflika que les deux hommes ont convenu de la prochaine visite du président français en Algérie. Les deux dirigeants ont notamment fait le point sur le dossier libyen et le dossier sahélo-saharien, rappelant l'importance de la relation bilatérale entre les deux pays en matière de coopération dans la lutte contre le terrorisme. A ce propos, il y a lieu de préciser que les deux présidents ont souligné leur détermination commune pour conjuguer leurs efforts en vue d'extirper le terrorisme du Sahel. Selon un communiqué de la présidence, «l'entretien a été l'occasion pour les deux Chefs d'Etat de souligner leur volonté de consolider les relations d'amitié et de coopération entre l'Algérie et la France» et de permettre à Emmanuel Macron de souligner «son attachement et sa volonté de construire un rapport d'amitié et de confiance avec l'Algérie, partenaire stratégique pour la France». Cependant, en choisissant le Maroc pour son premier voyage au Maghreb, Emmanuel Macron a rompu une tradition et mis fin à une règle non-écrite instaurée depuis le deuxième mandat de la présidence de Jacques Chirac, voulant que le président français effectue son premier déplacement au Maghreb en Algérie. Chirac avait effectué une visite officielle en l'Algérie en mars 2003. Son successeur Nicolas Sarkozy avait également accordé la primauté de sa visite dans la région à l'Algérie en juillet 2007 et enfin François Hollande a réservé à l'Algérie son premier voyage d'Etat en décembre 2012. Mais Emmanuel Macron veut apparemment mettre fin à cette tradition et par la même occasion dépasser la relation passionnelle et passionnée entre l'Algérie et la France. Emmanuel Macron semble vouloir traiter l'Algérie comme un partenaire certes important mais avec lequel la relation bilatérale doit obéir à un seul critère : les intérêts. Le président français veut donc sortir du conflit mémoriel permanent avec l'Algérie. Son geste, à travers ses propos sur la colonisation qualifiée de «crime contre l'humanité», apparait aujourd'hui comme une volonté de dépasser cette question. Mais est-ce réellement l'unique raison qui a amené le président français à choisir le Maroc comme première destination officielle dans la région du Maghreb ? Pas évident. Car le choix d'un premier déplacement peut être un signal politique fort, autant que le retrait de la candidature de Leila Aïchi aux législatives sous les couleurs du parti de Macron sous la pression du Maroc. Leila Aïchi, faut-il le rappeler, a été accusée par les lobbys marocains d'être favorable au Front Polisario. A cela viennent s'ajouter les propos ambigus et maladroits tenus par Emmanuel Macron lors de sa visite à Gao le 19 mai dernier. «Moi, ce que je veux en début de mandat, c'est une exigence sans doute renforcée à l'égard des Etats du Sahel et de l'Algérie», a déclaré le président français avant de souligner qu'«on ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l'égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques». Emmanuel Macron a sans doute commis là une première maladresse diplomatique et ses déclarations pourraient déteindre, ne serait-ce que partiellement, sur les relations entre les deux pays. Car le dossier malien est considéré comme un dossier très sensible pour la diplomatie algérienne, géré de main de maître par le ministère des Affaires étrangères et par la présidence algérienne. Candidat, Emmanuel Macron n'avait pas manqué de souligner, à Alger, l'importance de l'Algérie et de réaffirmer la force des liens qui unissent les deux pays. Elu président, le chef du mouvement En marche - devenu depuis son élection «La République en marche» - semble mettre les jalons d'une nouvelle politique avec les pays du Maghreb. H. Y.