Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du dernier Conseil des ministres, a exigé d'éviter l'endettement extérieur «et cela dans le souci de préserver la souveraineté de l'économie nationale». Cette exigence du chef de l'Etat met fin au débat qui a occupé les observateurs et experts financiers de longs mois sur la question de recourir ou non à l'endettement extérieur pour faire face au manque de ressources financières suite à la baisse des prix du pétrole. Le premier magistrat du pays prône comme solution au déficit de recettes extérieures la promotion des financements internes non conventionnels «qui pourraient être mobilisés pendant quelques années». Cette recommandation est annonciatrice de nouvelles mesures nécessaires pour la sphère financière et économique du pays en vue de la création d'un marché financier actif et performant. Le Président vient de trancher en défaveur de l'endettement extérieur préférant l'idée des financements internes non conventionnels alors que de nombreux experts de la finance soutiennent qu'il peut être nécessaire, notamment pour les secteurs stratégiques, comme l'énergie pour lequel la Banque africaine de développement (BAD) a déjà été sollicitée pour financer le programme d'investissement de Sonelgaz. Maintenant, il s'agira de savoir si l'option choisie - le financement interne non conventionnel - est le palliatif tout a fait indiqué pour éviter l'endentement extérieur. Le financement non-conventionnel est utilisé par de nombreux pays, institutions financières et banques dont la Banque centrale européenne (BCE). Il consiste en la mise en place de taux négatifs et rachats d'actifs détenus par les banques commerciales auprès des Etats. Ainsi, la BCE a injecté des liquidités pour relancer la machine économique en faisant tourner la planche à billets. Le gouvernement veut également renflouer les caisses afin de consolider la sphère financière et économique du pays. Pour ce faire, le plan d'action adopté en conseil des ministres évoque un nouveau système de financement de l'investissement et, pour la énième fois, une réforme du système bancaire. En d'autres termes, la modernisation et le développement du système bancaire et financier. Selon les auteurs de la feuille de route, le plan préconise de poursuivre et d'approfondir les réformés engagées jusqu'ici, à travers notamment «la diversification de l'offre de financement reposant sur le développement de produits financiers alternatifs par la mise en place de guichets dédiés à la finance participative au niveau des banques publiques», est-il mentionné dans le document. De plus, le gouvernement veillera également à dynamiser le marché financier à travers «l'amélioration de l'offre de titres sur le marché financier par le développement de nouvelles émissions de titres et l'accélération de processus d'introductions en Bourse de sociétés relevant du secteur financier», informent les concepteurs du plan d'action. Renforcement des règles de recouvrement de l'impôt Au registre du renflouement des caisses de l'Etat, le gouvernement envisage de mettre le paquet sur la fiscalité. Pour ce faire il est prévu une réforme du système fiscal. Cette réforme permettra «d'assurer une couverture progressive des dépenses de fonctionnement par les revenus de la fiscalité ordinaire qui devront progresser de 11% par an», indique-t-on dans la présentation du plan. Pour atteindre cet objectif, le plan prévoit notamment le renforcement des règles de recouvrement de l'impôt et l'amélioration du recouvrement fiscal, notamment la TVA, ainsi que la révision d'un certain nombre d'exemptions fiscales. Il est même question à travers cette réforme fiscale, de «l'élaboration d'une loi spécifique relative à la fiscalité locale, à même d'assurer une valorisation des potentialités de chaque collectivité». Mieux encore, en ce qui concerne les collectivités locales, le gouvernement est décidé à leur permettre «de s'ériger en potentiels investisseurs institutionnels et ainsi de rompre avec les réflexes d'une gestion administrative sans aucune portée économique». En clair, le gouvernement compte par le biais de ce plan d'action sauvegarder et consolider la dynamique de croissance en améliorant le climat des affaires d'une part, et en cherchant la ressource financière nécessaire dans d'autres niches, d'autre part. Adaptations budgétaires graduelles Cela ne veut pas dire que le gouvernement ne va pas veiller à préserver et à affiner la politique de justice sociale. Dans ce cadre, selon les concepteurs de ce plan d'action du gouvernement, cela va se faire par des «adaptations budgétaires graduelles et une maîtrise des dépenses publiques sans négliger toutefois, le caractère social de l'économie nationale». L'objectif recherché est d'«apporter plus d'efficacité, d'efficience et d'asseoir une plus grande justice et équité sociale à travers un ciblage précis du système de subventions», lit-on dans le document. Ce ciblage précis des subventions étant rendu nécessaire sachant que le système de subventions absorbe un part croissante des ressources du pays soit près de 30% du PIB au moment où les recettes de l'Etat s'amenuisent davantage. Rappelons enfin que le chef de l'Etat a recommandé au Premier ministre et à tout le gouvernement de maintenir le cap en matière de politique budgétaire. Il a, à ce sujet, préconisé la poursuite de la politique rationalisation budgétaire qui a été définie par le précédent gouvernement. «Cette austérité budgétaire, car il s'agit bien de cela, a pour objectif de redresser les finances publiques d'ici 2019 et une plus grande rationalisation de la politique sociale», a expliqué le chef de l'Etat. Ce qui ne peut se faire sans une concertation continue avec les partenaires économiques et sociaux. Z. A.