Comme fixé le 3 juin 2016 par la 17e Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris, la séance du procès intenté par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, contre le quotidien français le Monde pour diffamation s'est ouverte hier après-midi dans la même Chambre juridictionnelle. En fait, il est difficile de parler de procès car dès le but de la séance, le chef de l'Etat algérien a annoncé par l'intermédiaire de ses avocats qu'il avait décidé de retirer sa plainte. La présidente du tribunal a annoncé cette décision en ouvrant la séance en disant qu'«il apparaîtrait qu'il y a une bonne nouvelle dans ce dossier». «Oui», affirme l'un de deux avocats de M. Bouteflika, maître Ader Basile, avocat au barreau de Paris et vice-bâtonnier, l'autre avocat étant maître Chems-Eddine Hafiz. «C'est une décision toute récente du Président […]. C'est un mesure magnanime», a ajouté l'avocat. La présidente interroge l'avocat de la direction de la publication du journal le Monde, maître Louis Dreyfus : «Vous avez quelque chose à dire ?» «Je suis sensible à ce geste du président Bouteflika», répondra-t-il. La présidente du tribunal se tourne vers la représentante du parquet : «Qu'avez-vous à dire madame la procureure ?» Celle-ci déclare : «Dont acte à la partie civile pour cette décision d'apaisement.» La présidente conclut alors la séance en annonçant que «le tribunal constate le désistement de la partie civile magnanime de sa plainte et par conséquent déclare l'extinction de la plainte de la partie civile». L'affaire est close. Après cette décision de justice, dans la salle des pas perdus, maître Ader a mis en relief «la sagesse du président Bouteflika qui a tenu compte des excuses formulées par le Monde auprès de l'ambassade d'Algérie en France et le rectificatif publié dans une de ses éditions. C'est à partir de là que le chef de l'Etat a renoncé». «C'est un geste fort envers la presse. C'est une mesure qui démontre une certaine majesté, une magnanimité», a-t-il ajouté. L'avocat du quotidien le Monde, estimera pour sa part que M. Bouteflika a pris «une décision qui l'honore», lui qui savait que la cause de son client était indéfendable au-delà de l'argument de la bonne foi qui n'a aucune crédibilité dans l'affaire en question. Pour rappel, le président de la République avait déposé plainte contre le Monde en avril 2016 à la suite de la publication en «Une» du quotidien d'une information tendancieuse et diffamatoire avec photo de M. Bouteflika, dans le dossier «Panama Papers», avec en titre «Panama Papers, l'argent caché des chefs d'Etat», dans lequel le président de la République, ni aucun de ses proches, n'était cité ou impliqué. Lors d'une première séance tenue le 3 juin 2016, les deux avocats de M. Bouteflika avaient demandé la condamnation du directeur du journal et le paiement d'un euro symbolique pour diffamation, la publication judiciaire en «Une» du Monde et le versement de 10 000 euros au titre de l'action civile. Le Monde était déjà dans ses petits souliers car il savait qu'il avait commis une bévue et que le procès du 20 juin 2017 était perdu d'avance. Le président Bouteflika a décidé de lui éviter une condamnation. M. M.