Le plan d'action du gouvernement a été adopté, dans la soirée de vendredi dernier, par une majorité écrasante des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), a-t-on constaté sur place. 402 députés ont dit «oui», 20 députés ont voté «contre» et 32 se sont abstenus. Les chiffres ont été annoncés à l'issue de l'élection à main levée, par le président de l'APN Saïd Bouhadja. Avant la soumission du plan au vote, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a répondu aux questions, réclamations, propositions et suggestions des députés, soulevées depuis la présentation dudit plan d'action. Tout au long de son intervention, qui aura duré une heure, M. Tebboune a entrepris d'exposer la feuille de route de son gouvernement et de répondre aux députés. Démentant au nom du gouvernement les «rumeurs» selon lesquelles de jeunes entrepreneurs ayant bénéficié des aides de l'Etat, notamment dans le cadre du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), «ne remboursent pas leurs crédits», le chef de l'exécutif a assuré qu'ils (les jeunes entrepreneurs) «remboursent à plus de 85% des crédits». Et ce chiffre est «bien loin de celui de certains grands investisseurs», a-t-il accusé, avant de faire le parallèle : «Il n'y a pas une grande différence entre ces projets (dont il cite quelques exemples) et les grands projets qui ont bénéficié de sommes d'argent colossales.» «Contrairement à d'autres, moi je n'accuse pas ces jeunes de gaspiller l'argent public. Au contraire, ils sont en train de réaliser un grand travail. Ce chiffre (85%), cette cadence, n'a pas été réalisée par ceux qu'on a appelé les grands investisseurs», a-t-il insisté. Réitérant le «caractère indiscutable de l'Etat social», le Premier ministre a annoncé que «cinq milliards de dinars seront réservés pour le dispositif pré-emploi des jeunes diplômés, et ce jusqu'à la fin de l'année 2017». Dans le même chapitre, il a assuré que «l'Etat ne gèlera pas les recrutements». Mais, a-t-il nuancé, «il s'agit de procéder par priorité» comme dans tous les volets. Par ailleurs, Tebboune a défendu le recours aux licences d'importation, en mettant en exergue la baisse de la facture d'importation qui est passée de 60 milliards de dollars en 2014 à 46 milliards en 2016. Le Premier ministre a également évoqué les «dépassements» enregistrés dans les importations. «Nous avons découverts que deux frères importent le même produit. Ils contrôlent le marché à hauteur de 72%», a-t-il révélé, soulignant que «la loi interdit de dépasser le seuil des 40%». La dernière manifestation des retraités et blessés de l'Armée nationale populaire (ANP) n'a pas échappé au Premier ministre. Il a assuré que «le gouvernement communiquera prochainement avec eux pour trouver des solutions à leurs revendications». L'autre point sur lequel s'est penché l'hôte de l'hémicycle était «les collectivités locales» et leurs «rôles dans les investissements et l'épanouissement de l'économie nationale». Une suggestion longtemps évoquée par les députés qui sont intervenus tout au long des quatre jours de débats. «L'Etat présentera prochainement des projets de révisions des codes communal et de wilaya au débat à l'APN», a-t-il annoncé. Poursuivant, le Premier ministre est également revenu sur la création d'une commission nationale de consultation entre le gouvernement, les experts et la société civile. De son côté, l'opposition justifie sa position. Le plan d'action, «tel que présenté, est pour nous, un programme irréalisable», réagit Sadek Slimani, député du Front des forces socialistes (FFS), expliquant la «réserve» de son parti, liée «au manque de ressources financières dont souffre actuellement le pays depuis la chute des recettes pétrolières et, par ricochet, l'absence de garantie». «Même si le programme comporte certaines options intéressantes pour la prise en charge des doléances des citoyens, mais globalement la démarche du premier ministre n'est pas totalement claire. Et c'est pour cela que nous avons pris la décision de l'abstention», dira de son côté Khaled Tazaghart, député du Front El Moustakbal. Quant au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), il a voté contre le plan d'action du gouvernement. «Il était attendu que ce plan contienne des réponses concrètes avec des coûts chiffrés à la crise multidimensionnelle que vit notre pays. L'Assemblée nationale a eu droit à un plan d'action qui ne s'apparente ni plus ni moins qu'à une série de vœux et d'affirmations qui peuvent au mieux constituer des axes de réflexion», lit-on dans le communiqué distribué à l'issue de l'opération de vote. A. B.