Comme attendu, le plan d'action du gouvernement a été adopté par l'Assemblée populaire nationale (APN), à la majorité écrasante des députés. Malgré le vote contre des partis de l'opposition dont le RCD, l'Union pour El Adala et l'Union du MSP, et l'abstention d'autres comme le PT, le Front El Moustakbal et le FFS, le document défendu par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, est passé avec 402 voix. Et ce vendredi soir, le chef de l'Exécutif, appelé à répondre aux interrogations des députés posées lors des débats, n'a pas eu recours aux précisions pour avoir le quitus de la chambre basse du parlement, notamment en ce qui concerne les moyens financiers et ressources lui permettant d'exécuter son plan d'action en ces temps de crise qui frappe de plein fouet l'économie nationale. Tebboune a d'ailleurs bien fait de s'engager au nom du gouvernement «de répondre dans les détails» pour expliquer les démarches à entreprendre dans chaque secteur, «et ce, dans le cadre des correspondances et questions orales des députés». Dans son argumentaire, Abdelmadjid Tebboune a précisé d'emblée qu'il n'y a pas lieu de craindre le pire car, a-t-il soutenu, le problème ne réside pas dans la disponibilité des ressources. Selon lui, il s'agit plutôt de réorientation. «Je l'ai dit et je le répète : il n'y pas de problème de disponibilité, mais de priorité», a-t-il déclaré, expliquant que son gouvernement compte aller vers l'investissement ayant trait à la vie quotidienne du citoyen. Et c'est ce qu'apportera de nouveau la prochaine loi de finances 2018 où «il y aura augmentation de l'enveloppe destinée aux PCD et PSD, avec un ciblage de projets dynamiques». Avec cette politique de réorientation, «le gouvernement pourra économiser 70 milliards DA», estime le Premier ministre. Réorientation Par ailleurs, sans trop s'étaler sur les détails et toujours en réponse à la principale question relative aux moyens de sa politique, Tebboune dira que «des solutions seront apportées en vue de combler le recul des revenus pétrolières afin de sauvegarder les équilibres financiers du pays, notamment les réserves de change et la maîtrise de l'inflation». Pour ce, l'Exécutif qui exclut tout recours à l'endettement extérieur semble décidé d'introduire une batterie de mesures et de réformes, à commencer par les systèmes fiscal et bancaire. «L'impôt est la base du développement et chacun doit payer sa part», a lancé Tebboune, indiquant que son gouvernement «va continuer à réformer le régime des impôts et le système bancaire». Ceci viendra s'ajouter à la rationalisation des dépenses et à l'encouragement de l'épargne locale. Taxes Faisant de l'encouragement des PME son cheval de bataille, le Premier ministre a défendu même les bénéficiaires des crédits Ansej et Cnac qui, selon lui, «sont générateurs de richesse et d'emploi». De plus, et contrairement à ce qui se dit, ces petits investisseurs «ont remboursé à raison de 85% leurs crédits bancaires». Ils seront donc soutenus. Quant au commerce extérieur, le gouvernement va encore renforcer les mesures de maîtrise en allant vers une autre réduction de la facture des importations sans pour autant créer des pénuries et des crises sur le marché local. Mais, a prévenu Tebboune, «il y aura plus de taxes sur les produits de luxe importés» en contrepartie d'une «protection de la production nationale». Au ministre de l'Agriculture, il ordonnera l'achèvement de «l'organisation des marchés, maintenant que la production y est», et surtout «d'aller en toute urgence verts l'exportation». Comme son prédécesseur, le chef de l'Exécutif a encore une fois lancé l'appel aux détenteurs de l'argent dans le circuit informel afin d'investir et «faire sortir leur fortune de l'opacité vers la clarté». Enfin, «des zones d'activité seront créées» partout dans les wilayas, permettant une bonne exploitation du foncier industriel. Subventions Bien qu'il intervienne dans une conjoncture très délicate, le plan d'action du gouvernement ne va pas s'éloigner du caractère social de l'Etat, comme le sous-entendent certaines voix, à en croire les réponses du Premier ministre. Abordant la question de ciblage des subventions qui a fait couler beaucoup d'encre, Tebboune a annoncé «la mise en place, prochainement, d'une commission nationale consultative qui aura à élaborer des recommandations à soumettre à des spécialistes». A leur tour, ces derniers «traduiront ces recommandations en lois» qui seront soumises au vote de l'Assemblée. En tout cas, «il ne s'agit nullement d'abandonner les subventions», a-t-il rassuré. Pour preuve d'ailleurs, même les aides dans le cadre du filet social, de l'ordre de 5 milliards DA/an, seront maintenues. Idem pour les bas salaires dans différents dispositifs d'insertion, (entre 12 000 et 20 000) seront exonérés d'impôt. Enfin, le Premier ministre a promis que son gouvernement «va écouter les gardes communaux et les retraités de l'ANP pour étudier les moyens de prise en charge de leurs préoccupations sociales».