Tout en mettant en garde contre des défis «inadmissibles» à l'autorité de Pékin, le président chinois, Xi Jinping, a affirmé que Hongkong était aujourd'hui plus libre qu'avant. Il a lancé cet avertissement dans un discours télévisé prononcé peu après avoir fait prêter serment à la nouvelle chef de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam. Haut fonctionnaire de 60 ans, Mme Lam a été, comme ses prédécesseurs, désignée par un comité électoral acquis à Pékin dans une ville où beaucoup pensent que la Chine ne respecte plus le fameux principe : «Un pays, deux systèmes» qui avait présidé à sa rétrocession en 1997. Le président chinois a affirmé que «tous les efforts pour mettre en péril la souveraineté nationale, pour défier l'autorité du gouvernement central et la Loi fondamentale de Hongkong» revenaient à «franchir la ligne rouge» et étaient «absolument inadmissibles». La ville du delta de la rivière des perles jouit depuis vingt ans de privilèges uniques, comme la liberté d'expression, un système judiciaire indépendant ou encore une dose de suffrage universel dans la désignation de son organe législatif. Mais plusieurs incidents ont renforcé les craintes de perdre ces libertés. Dans la foulée de l'échec des mobilisations du «mouvement des parapluies» de 2014, une mouvance politique nouvelle est apparue dans l'ancienne colonie, prônant des extrêmes comme «l'autodétermination», voire même «l'indépendance». Xi a affirmé, vingt ans jour pour jour après la rétrocession, que Hongkong avait aujourd'hui «davantage de droits démocratiques et de libertés qu'à n'importe quel autre moment de son histoire». La mégapole de près de huit millions d'habitants a été, depuis le début de la première visite de Xi Jinping, jeudi le théâtre de nombreuses manifestations de Hongkongais qui fustigent le renforcement de la mainmise chinoise sur ce territoire. Samedi des habitants de Hongkong ont refusé une manifestation rendant hommage aux victimes des événements du mouvement de Tiananmen en 1989, qui se tenait au moment où les invités convergeaient au centre de conventions. Des militants pro-chinois ont ensuite bloqué la manifestation et la police est intervenue pour séparer les deux camps. Les manifestants pro-démocratie ont été emmenés par la police, avant d'être libérés. Le fait que Mme Lam soit investie par Xi Jinping est éminemment symptomatique de l'influence de Pékin, selon la mouvance pro-démocratie qui fait campagne pour des élections complètement libres. R. I.