Depuis la célébration en 2012 du cinquantième anniversaire de l'indépendance et en 2014 du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, les pouvoirs publics ont déboursé des milliards et des milliards pour ces commémorations, notamment en finançant la création et la production de centaines d'œuvres culturelles et artistiques qui racontent l'histoire récente de l'Algérie en lutte pour son indépendance. Depuis la célébration en 2012 du cinquantième anniversaire de l'indépendance et en 2014 du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, les pouvoirs publics ont déboursé des milliards et des milliards pour ces commémorations, notamment en finançant la création et la production de centaines d'œuvres culturelles et artistiques qui racontent l'histoire récente de l'Algérie en lutte pour son indépendance. Des films, des pièces de théâtre, des stèles en bronze, des toiles ont été réalisés tout au long de ces dernières années dans le cadre de ces deux commémorations spéciales. Des œuvres ont été réussies, mais d'autres se sont révélées une insulte pour l'Histoire et ceux qui l'ont faite. Les Algériens n'oublieront pas de sitôt le buste en bronze dédié à l'un des Pères de la nation algérienne, en l'occurrence le Chahid Larbi Ben M'hidi. A Aïn Mlila, dans la wilaya d'Oum el Bouaghi, une horreur artistique a écœuré tous les Algériens et a affolé les réseaux sociaux. Au point où beaucoup ont douté même du patriotisme de tous ceux qui ont intervenu pour la réaliser. Des polémiques ont également éclaté après la diffusion de certaines œuvres cinématographiques, telle L'Oranais, de Lyes Salem, accusé par certains de ternir l'image des moudjahidine, même si au devant, on voyait des gens pas du tout crédibles qui vilipendaient le réalisateur et les producteurs. Et pourtant, le film est réellement critiquable tout autant que celui de Belkacem Hadjadj consacré l'héroïne de la résistance populaire, Lalla Fatma n'Soumeur. Il faut dire que sur ce registre, tout n'est pas noir. Il y a bel et bien eu de belles réalisations culturelles et artistiques qui participent réellement à la valorisation de l'histoire et de la mémoire collective. Les douze stèles des onze colonels de la wilaya III historique et de Lalla Fatma n'Soumeur implantées sur plusieurs endroits de la RN12, sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou, sont un exemple de réussite. Elles sont effectivement loin de ressembler à l'horreur dédiée au départ au héros Ben M'hidi. Elles sont bien faites pour être un vecteur pour la valorisation de l'histoire de l'Algérie et même son identité, puisque les œuvres concernées racontent un peu l'esprit de résistance de la région de Kabylie, y compris au début de la colonisation, et même auparavant. En outre, la stèle érigée en avril 2016 dans la région d'At Ouacif à la mémoire de Hocine Aït Ahmed, un autre Père de la nation algérienne, a suscité l'admiration de la population locale et tous ceux qui avaient de l'admiration pour le défunt militant de la démocratie et des libertés, décédé en décembre 2015. A noter que pour cette stèle inaugurée dans le cadre de la commémoration de la mort violente du commandant Si Moussa, un maquisard de la première heure tué en avril 1965 par les troupes de l'ANP lors de l'insurrection du FFS, l'Etat n'a pas été impliqué par les initiateurs de cette opération qui comptent la mairie d'At Ouacif, l'APW de Tizi Ouzou et le FFS. C'est dire que des démarches peuvent réussir même si l'Etat n'est pas au cœur de l'action. C'est dire aussi que la valorisation de l'histoire ne doit pas se contenter de la version officielle du déroulement de la guerre de libération nationale et la période tonitruante qui s'en est suivie. En d'autres termes, les œuvres culturelles et artistiques sont les meilleurs vecteurs pour la valorisation de l'Histoire de l'Algérie, de son identité et de sa mémoire collective, mais la qualité de ces œuvres est une condition sine qua non pour que les œuvres en question aient de la valeur. M. B.