Le message est que la jeunesse s'investit par le biais d'associations, de collectifs, d'actions artistiques dans son entourage proche, dans sa famille pour faire évoluer la société. La plupart des intervenants sont conscient des difficultés sur le terrain, mais il s'agit d'œuvrer à les dépasser A la veille de la célébration de la Fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, la filmothèque Zinet a accueilli la projection du documentaire intitulé Wech Derna ?, réalisé par Riadh Touat. Dès les premières images, les présents découvrent Naziha, jeune chef d'entreprise, pharmacienne, passionnée de littérature qui a réussi à transcender sa maladie pour lancer un message : «J'aimerais changer le regard des Algériens qui n'aiment plus l'Algérie, j'aimerais pouvoir faire en sorte qu'ils voient mieux ce qu'ils ne voient pas.» Pour sa part, Walid, diplômé en master marketing qui s'est reconverti en artisan créateur de bijoux en argent confie sur grand écran que «le nationalisme ce n'est pas salir notre pays, ce n'est pas faire la fête dans d'autres pays. Pour changer l'Algérie, il faut que les individus changent». Au delà de la projection et du débat, la présentation de ce documentaire été le prétexte pour créer un carrefour ou plus de deux cents personnes se sont croisées et ont échangé sur les actions à mener pour faire évoluer la chose dans la société algérienne. Ceci amenant les présents à la réflexion afin d'insuffler la dynamique de l'action et trouver des solutions, au-delà du diagnostic de ce qui va mal. A ce sujet, Nabil Ait Saïd cofondateur de Cinuvers, le ciné-club qui a organisé la projection-débat, souligne que cette démarche s'inscrit dans le concept de l'esprit du ciné-club précisant que «le cinéma est en fait un prétexte pour réunir tout le monde. C'est un carrefour de rencontres constructives dans une ambiance conviviale. On aspire à créer un espace d'échange et de création. Le cinéma est un art qui englobe divers disciplines et expressions artistiques. C'est pour cela que notre espace est aussi ouvert à divers expositions, à des tours de magie, à toutes actions créatives qui peut amener à la réflexion et au partage d'un instant de communion.» Pour sa part, Redouane Khalil Madani cofondateur de Cinuvers estime qu'«il suffit d'avoir de la bonne volonté pour faire avancer les choses. La plupart des gens partent défaitistes. Ils ne croient pas à l'évolution de l'Algérie et aux capacités de l'individu. L'Algérien se voie comme quelqu'un de très banal qui ne peut rien faire. Alors que c'est entièrement faux.» Il précise à ce sujet que «toute personne, tout algérien peut contribuer à faire changer les choses selon son potentiel. L'impact ne vient pas d'une seule personne. Ce n'est pas seulement notre travail ou le travail de Riadh qui va faire changer l'Algérie. C'est le fait que chaque personne présente ici peut apporter quelque chose. Il s'agit de créer des liens entre les différentes initiatives pour faire changer les choses. En sortant aujourd'hui de la salle chaque personne sera amenée à réfléchir sur ce qu'elle peut donner, apporter, pour faire évoluer les choses selon son domaine de compétence.» De son côté, Nabil Ait Saïd ajoute qu'«il s'agit aujourd'hui, de multiplier ce genre d'espace de dialogues. De créer un espace communautaire d'énergie constructive à travers l'art et la culture. En partant d'un microsome et s'étendre à un plus large spectre afin de nourrir l'esprit des gens et les amener à une véritable démarche citoyenne pour la construction d'une Algérie épanouie». Ainsi le message est que la jeunesse s'investit par le biais d'associations, de collectifs, d'actions artistiques dans son entourage proche, dans sa famille pour faire évoluer la société. La plupart des intervenants sont conscient des difficultés sur le terrain, mais il s'agit d'œuvre à les dépasser. A ce sujet, Yasmine, fondatrice du site internet consacrée notamment à la culture avait confié lors des débats que «les obstacles il n'y a que cela, après c'est vraiment l'état d'esprit vis-à-vis de cela. Je ne suis pas privilégiée. J'ai vraiment bossé pour arriver là où j'en suis aujourd'hui. J'ai commencé à bosser à l'âge de 18 ans tout en continuant à faire des études. Je continue à bosser car j'ai trouvé ma passion.» Elle explique aussi aux présents qu'elle a créé son site internet au moment où cela n'exister pas vraiment. Elle espère aujourd'hui que chacun puisse trouver sa passion pour donner le meilleur de lui-même pour faire avancer l'Algérie. Elle ajoutera qu'elle est convaincue qu'à un moment donné, que toutes les bonnes initiatives vont se rencontrer quelque part pour prendre des initiatives collectives et estimant qu' «il y a un aimant qui attire les personnes qui font de bonnes choses pour le pays avec beaucoup d'énergie positives qui ramène à un seul endroit et j'espère que ce lieu s'appelle la vie.» La création de ces passerelles entre les différentes initiatives de jeunes est également une illustration du carrefour de rencontres qu'est Cinuvers à travers leur partenaire Pepper et Mojikho. Younes Miraoui, gérant et créateur de la chaîne de sandwicherie Pepper, confie qu'«il faut croire en l'esprit de l'entreprenariat en Algérie. J'ai démarré de zéro, je viens d'un milieu populaire, j'ai commencé en tant que serveur. Puis j'ai créé cette chaine grâce à l'Ansej. Aujourd'hui nous avons des boutiques à Alger, à Oran et à Béjaïa.» A propos de son implication avec Cinuvers, il explique qu'en tant que cinéphile il avait assisté à une des projections et découvrant le concept du ciné-diner pour la clôture du cycle du mois. Il a beaucoup apprécié l'ambiance de cet espace d'échanges, de rencontres et de débats où tout le monde était bienvenue quel que soit son milieu d'origine. Il précise aussi qu' «en plus j'ai vu que c'était des jeunes comme moi qui étaient passionnés par ce qu'ils faisaient. Cet esprit d'aide des jeunes et de partage c'est aussi la culture d'entreprise de Pepper. Les employés sont valorisés pour leur travail avec de bons salaires et des primes» en affirmant qu'«il faut que le jeunes prenne conscience de la valeur du travail ; qu'il ne s'agit pas juste de gagner de l'argent, mais aussi de partager des valeurs. Mon partenariat avec Cinuvers c'est aussi cette esprit de partage, il s'agit d'être solidaire et de nous entraider pour développer la société». Dans le même sillage, Nassim Bekari et Mehdi Arbi les deux associés de l'entreprise «Mojikho» confie qu'ils sont rentrés après avoir terminé leurs études de finances en France parce qu'ils avaient des choses à faire et a améliorer dans le pays. C'est dans cet esprit qu'ils œuvrent à faire des jus de qualité 100% naturel, sans conservateur ni colorant, ni conservateur ni additif et avec de l'eau minérale. Mehdi et Nassim explique qu'étant donné que le local de production est juste à côté de Pepper, lorsque les jeunes de «Cinuvers» ont gouté leur jus ils ont proposé de les parrainer en jus naturels. Les deux associés également cinéphiles et séduits par le concept ont accepté «car ils correspondent à nos valeurs. Une fois que l'on s'y habitue cela devient notre routine du vendredi. On se retrouve tous ici à venir voir le film et à en débattre cela devient vraiment une routine d'échanges culturelles. C'est important pour l'Algérie que cet espace puisse exister et il est important de le soutenir.» Au carrefour de la jeunesse créative, mais également au carrefour intergénérationnel, l'artiste plasticien Karim Sergoua présent à la projection confie avec émotion qu'«en voyant toute cette jeunesse qui continue à prendre des initiatives c'est encourageant. Quand je suis rentré dans la salle je croyais que je n'étais pas en Algérie que je connais. C'est une autre Algérie et c'est très encourageant.» Toutefois, l'artiste soulève le fait que la seule chose qu'il voudrait signaler c'est qu'il ne faut pas oublier de parler de mémoire. Certes, on parle souvent des martyrs qui nous ont apporté l'indépendance. Mais il ne faut pas oublier aussi les morts et tout ceux qui se sont sacrifiés dans les années quatre-vingt-dix pour que l'Algérie continue à rester debout. Karim Sergoua conclue en affirmant qu'«aujourd'hui, il y a cette jeunesse qui doit poursuivre le combat. J'espère qu'ils vaincront tout ce mal être que l'on vit en Algérie. Je découvre cet espace de «Cinunivers». C'est un autre langage qui passe par internet et les nouvelles technologies. C'est une jeunesse qui va très vite et il faut s'accrocher au train. Le fait de revenir et découvrir le cinéclub qui fait revivre la salle, avec un langage jeune et un oxygène jeune, j'encourage vraiment ce genre d'initiative car c'est très positif pour nous». S. B.