La santé des petits Algériens est sérieusement menacée par de nombreuses maladies qui ne cessent de prendre des proportions alarmantes ces dernières années dans notre pays. Toutefois, les spécialistes focalisent leurs inquiétudes et leurs angoisses sur le régime alimentaire de nos concitoyens qui vient de connaître des bouleversements majeurs. En effet, à cause de la cherté de la vie et l'envolée démesurée des prix de première nécessité, des aliments de base et autres incontournables aliments pour la croissance, sont de moins en moins consommés par les familles algériennes. Cette triste réalité se répercute, malheureusement, directement sur la santé des Algériens, notamment les enfants, plus que jamais exposés à des pathologies dont la relation avec «l'indigence» du régime alimentaire a été largement démontrée. A ce sujet, une récente étude chapotée par le CREAD vient de semer le trouble et révèle par la même occasion au public un constat implacable et terrifiant : le retard de croissance touche de plein fouet les enfants en Algérie. Pour preuve, le nanisme, anomalie osseuse congénitale imputable à différentes causes médicales, gagnerait du terrain, selon un groupe de chercheurs sociologues, à leur tête M. Nasreddine Djabi, professeur et chercheur en sociologie à l'Université d'Alger. L'enquête du CREAD démontre à ce propos que près de 18% des enfants algériens âgés de moins de 5 ans souffrent d'un déficit significatif de croissance (le nanisme). Il est à signaler, indique-t-on, que cette anomalie, qui trouve sa caractéristique universelle dans une taille nettement inférieure à la moyenne, serait «largement répandue dans les zones rurales». Par ailleurs, l'étude affirme également que 6% des enfants âgés entre 3 et 6 mois observent un retard de croissance nettement plus fréquent chez les enfants originaires des Hauts Plateaux et ceux vivant au Sahara. Ce taux serait de 9% chez ceux âgés entre 12 et 23 mois. Autre revers de la médaille, l'étude du CREAD révèle, sur un autre chapitre, que 9,3% des enfants souffrent d'obésité. Pourcentage inquiétant à plus d'un titre. Surtout si l'on sait que les auteurs de l'étude relèvent aussi que l'obésité est en corrélation avec les profondes mutations que vit la société algérienne ces dernières années, notamment le changement des habitudes alimentaires qui prévoit une explosion de l'obésité. Et pour cause, à défaut de bien manger chez-eux, les enfants se rabattent sur les gargotes qui font dans la restauration rapide, hélas, souvent aux conséquences insoupçonnables. Ainsi, dans notre pays, la mortalité des enfants a été réduite à au moins 45%, l'enfance n'est pas pour autant à l'abri de nouvelles pathologies, entraînées essentiellement par le retard de croissance. Un retard qui tire son origine, soulignent médecins et sociologues, de la très mauvaise alimentation des enfants au sein des familles algériennes. Les enquêteurs du CREAD n'y vont pas par quatre chemins pour pointer du doigt l'effritement du pouvoir d'achat comme premier facteur déclenchant de ces maladies inédites. Il faut dire que peu de familles ont pu faire face à la flambée des prix des produits de large consommation. Amenées à faire de sérieuses coupes budgétaires, de nombreux citoyens ont écarté de leurs priorités l'équilibre sanitaire de leurs enfants. Dans ce contexte, il ne faut pas s'étonner qu'un enfant de moins de 5 ans sur cinq présente une malnutrition en Algérie ! Ce qui nous donne un chiffre absolu de près de 600 000 enfants dont 150 000 d'entre eux présentent une forme sévère de malnutrition, selon les dernières statistiques. A. S.