En croissance constante depuis dix ans, le nombre de décès causés par les maladies cardiovasculaires atteint aujourd'hui des proportions pour le moins alarmantes. Cette maladie pernicieuse, provoquée essentiellement par le stress et le tabac, tue chaque année 50 000 personnes. Autant dire que nous sommes en présence d'un véritable bilan de guerre. Sinon plus. Car, il faut savoir que certaines guerres civiles en Afrique, réputées pourtant pour avoir été fratricides, ont provoqué beaucoup moins de victimes, même si elles se sont étalées sur plusieurs années. N'était le cri d'alarme lancé le week-end dernier par des spécialistes qui ont pris l'initiative personnelle d'attirer l'attention de l'opinion publique sur les ravages provoqués par ce nouveau cancer, il aurait été fort à parier que la maladie aurait, tapie dans l'ombre, continué à prospérer sans que personne ne songe à remuer le petit doigt. Pourtant, ce fléau effrayant ne requiert pas de gros moyens pour être enrayé. Les spécialistes présents aux journées scientifiques, consacrées à cette pathologie, organisées par le laboratoire Pfizer à Alger, se sont tous mis d'accord sur le fait que si les pouvoirs publics avaient un tant soit peu investi dans le créneau de la prévention, le bilan aurait pu être moins lourd. Des petits spots radiophoniques et télévisuels destinés, par exemple, à sensibiliser sur les dangers du tabagisme, le tout soutenu par des dépistages réguliers, aurait pu participer efficacement à convaincre les citoyens à s'occuper beaucoup plus de leur santé. Et l'avantage de ce travail de prévention est qu'il permet au ministère de la Santé, et donc au contribuable, de faire des économies d'argent dans la mesure où, d'une pierre deux coups, les services de cardiologie se retrouveraient avec moins de patients à prendre en charge. Malheureusement, pour des raisons encore inexpliquées, ce travail de prévention et d'éducation, accompli à merveille à la fin des années soixante dix, a été abandonné. Le ministère de la Santé aurait-il, lui aussi, reçu des injonctions du FMI pour limiter son budget et faire des économies sur le dos de la santé des Algériens ? Il y a des chances. Venant du FMI, tout est possible. Toutefois, il est utile de savoir que l'Algérie a aujourd'hui les moyens de dire non à l'institution de Brettons Woods. En attendant d'avoir une réponse satisfaisante, le nombre effarant de morts imputé aux maladies cardiovasculaires donne une piètre image du pays et de son système de santé. Tout comme il prouve que la société est malade et que l'on ne s'occupe pas assez d'elle.