Les prix du pétrole ont reculé, hier en cours d'échanges européens, la hausse hebdomadaire du nombre de puits actifs aux Etats-Unis confirmant le pessimisme des investisseurs sur l'équilibre du marché mondial. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre valait 46,36 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 35 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI), pour le contrat d'août a cédé 35 cents à 43,88 dollars. Les cours de l'or noir ont confirmé leur baisse de vendredi et se sont approchés de leur plus bas de l'année, atteint en juin. «La fin de la semaine dernière a été marquée par les données de (l'entreprise privée) Baker Hughes, qui montrent une reprise de la croissance du nombre de puits actifs aux Etats-Unis (avec 7 puits actifs de plus par rapport à la semaine dernière)», ont noté des analystes. Alors que le marché mondial est plombé par une surabondance de l'offre, les producteurs américains ne se laissent pas décourager par la baisse des prix et continuent à relancer leur production, notamment dans le pétrole de schiste. Les marchés se désolaient également de voir le Nigeria et la Libye relancer leur production. Les deux producteurs africains, membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avaient été exemptés de l'accord de limitation de la production qui lie le cartel à d'autres producteurs, dont la Russie. Ils ont été invités à participer à la réunion de suivi de cet accord qui se tiendra le 24 juillet en Russie, a déclaré le ministre koweïtien du pétrole Essam al-Marzouk, a rapporté l'agence Bloomberg. «L'Opep et la Russie doivent se faire à la vérité, la production augmente ailleurs et dilue leurs efforts de réduction de l'offre. Le Nigeria, la Libye et le pétrole de schiste américain sont les principaux obstacles à l'accord, car l'augmentation de leur production limite les gains des prix du pétrole. La production de schiste devrait continuer d'augmenter au fil de 2018», ont prévu des analystes qui ont nettement revu à la baisse leurs objectifs de prix pour le baril. Un délégué de l'Opep, cité par le Wall Street Journal, et dont l'identité n'a pas été révélée, a indiqué samedi, à ce sujet, que l'Opep envisage d'imposer une limite de production au Nigeria et à la Libye, deux membres de cette organisation exemptés de l'accord de réduction de production, mais qui alimentent, depuis quelque temps le marché à une cadence jugée inquiétante. «Nous envisageons de plafonner la production de la Libye et du Nigéria (…) Celle du Nigéria est un véritable casse-tête pour nous», a-t-il expliqué au journal américain. Au Nigéria, la baisse du nombre d'attaques perpétrés contre les installations pétrolières, a encouragé la production pétrolière. En mai dernier, la production pétrolière de ce pays a atteint 1,68 million de baril par jour et les observateurs s'attendent à ce que le Nigéria redevienne le plus grand exportateur africain de pétrole avec une production de 1,84 million de barils par jour attendue à la fin du mois en cours. En Libye, la production pétrolière est repartie, quant à elle, de plus belle notamment avec la réouverture de deux champs dans l'ouest du pays. Le champ de Sharara, après son blocage par des gardes des installations qui réclamaient une meilleure paie, a rouvert récemment. Il produit à nouveau selon la National Oil Corporation (NOC) 200 000 barils par jour. Et le champ d'al-Fee, qui alimente les terminaux de l'ouest avec 80 000 barils quotidiens, a rouvert aussi récemment après deux ans d'interruption. Dans l'est de la Libye, beaucoup plus exposé aux combats, ceux opposant les factions du maréchal Haftar et des milices djihadistes, la production a repris aussi timidement, remontant à 6 000 barils jour. Ces derniers mois, il est constaté en Libye le retour des grandes compagnies étrangères et notamment l'italienne ENI, les françaises Total et Schlumberger. La Russie, via le géant pétrolier Rosneft, s'est également rapprochée des Libyens et a promis des investissements. De quoi redonner de l'optimisme à la compagnie libyenne de pétrole qui espère désormais sérieusement se rapprocher du niveau de production d'avant la guerre de 2011. R. E./Agences