Plusieurs centaines de syndicalistes et travailleurs du secteur des Postes et des technologies de l'information et de la communication (TIC) se sont rassemblés hier, au siège de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) pour dénoncer «la rupture totale du dialogue social, favoritisme et étouffement des cadres» au sein de leur secteur, a-t-on constaté sur place. Les travailleurs accusent la ministre des Postes et des TIC, Houda-Imane Feraoun de «refuser le dialogue» avec le partenaire social, «d'écarter et de pousser de valeureux cadres à la retraite». «On veut l'ouverture du dialogue avec le partenaire social représenté par le syndicat de l'Ugta et le ministère de tutelle. On veut un dialogue franc et déterminant entre Abdelmadjid Sidi Saïd et Mme Houda Feraoun afin que nos problèmes soient réglés», revendique explicitement Abdellah Guechi, jeune fonctionnaire des PTT de N'Gaoues (Batna) venu spécialement à la manifestation. Salim Bentaïba, secrétaire général de la Fédération de l'enseignement supérieur, de la culture et de l'information a, pour sa part, tenu à être présent au rassemblement pour «exprimer l'entière solidarité» de sa Fédération et son «soutien indéfectible» à ses confrères. M. Bentaïba pointe du doigt «le refus de la ministre de tutelle de dialoguer avec les syndicats pour résoudre les problèmes des travailleurs» et profite de l'opportunité pour parler d'une situation globale, mais «similaire» dans son secteur «privé de dialogue avec la tutelle», déplore-t-il. Selon lui, il y a «des responsables au gouvernement qui ne respectent pas le programme du président Bouteflika». «Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a, lors de son passage à l'APN, annoncé un débat avec les partenaires sociaux et les syndicats», a-t-il rappelé, regrettant le fait que «des ministres refusent encore de dialoguer avec les syndicats». Et de s'interroger : «Ces ministres travaillent-ils en homogénéité pour l'intérêt du pays ou chacun d'eux fait comme bon lui semble ?» Les syndicalistes des entreprises que regroupe le secteur reprochent également à la ministre d'avoir «failli» à ses engagements de développement du secteur. «Quand elle est venue, elle avait annoncé des réformes du secteur pour qu'à la fin, la seule réforme concrétisée est l'écartement des DG, P-G et cadres intègres et compétents pour les remplacer par des étrangers et inconnus au secteur», accuse sans ambages le secrétaire général de la Fédération d'Algérie Télécom (AT), Samir Messahel. Et par conséquent, explique M. Messahel «toutes ses promesses concernant la modernisation des entreprises du secteur et les grands projets qui touchent à la numérisation et le développement des TIC en Algérie n'ont pas démarré à ce jour, y compris ceux de l'Etat. D'ailleurs, le million de lignes téléphoniques avec accès au haut débit que le président de la République a promis pour l'année 2017, à ce jour, il n'y a même pas 20% des réalisations. Encore plus, les accès réalisés ne sont pas fonctionnels». Ce que notre interlocuteur qualifie de «problème de fond» est «l'ingérence flagrante de la ministre dans tout ce qui a trait aux entreprises du secteur, notamment le limogeage du P-G des postes». Pourtant, rappelle-t-il, «ce P-G, de l'aveu même de la ministre, a réalisé les meilleurs résultats dans l'histoire du secteur». Les travailleurs ont, il y a quelques mois, retiré la confiance à l'ancien responsable de la Fédération nationale des Postes et des TIC, Mustapha Oukal. Les membres du Conseil national de la même fédération ont ensuite tenu une assemblée générale, à l'issue de laquelle Samir Messahel a été élu secrétaire général, racontent les syndicalistes rencontrés hier. Mais la ministre continue de travailler avec le SG déchu. Mme Houda Feraoun «travaille avec un syndicat fantoche, avec un représentant illégitime qui est en train de lui valider, en sa qualité de membre du Conseil d'administration d'AT, toutes les décisions y compris celles qui touchent au personnel», accusent-ils encore. A noter que les travailleurs et syndicalistes de la Poste et des TIC sont soutenus par 15 autres fédérations nationales dont celles des finances, des travailleurs des ports algériens, des cheminots et de la formation professionnelle. Dans des communiqués parvenus à la rédaction du journal, ces fédérations dénoncent «les intimidations, menaces et pressions exercées sur nos camarades des Ptic». Pour avoir la position de la partie incriminée par les travailleurs, nous avons contacté le ministère de la Poste et des TIC. Mais toutes nos tentatives resteront vaines. «Je ne peux rien vous dire. Je n'ai aucune information», nous répondra une responsable au secrétariat général du ministre, jointe par téléphone, avant de nous demander de nous adresser au chargé de la communication, mais ce dernier ne répondra pas à nos appels. A. B.