Près de 2.000 travailleurs se sont rassemblés, hier, dans le grand hall du siège de la centrale syndicale UGTA, répondant ainsi à l'appel lancé par la Fédération des travailleurs des postes et télécommunications. Syndicalistes et travailleurs de différentes entreprises du secteur (Mobilis, Djezzy, Algérie Telecom, Algérie Poste) affiliés à l'UGTA, ont tous réclamé l'ouverture du dialogue avec la tutelle et la non-ingérence du département de Houda Imane Feraoun dans les affaires syndicales. Pour le président de la Fédération nationale des PTIC, Mohamed Tchoulak, «les affaires syndico-syndicales sont du ressort des structures de l'UGTA et non pas de l'administration», rappelant que la fédération ne s'est jamais ingérée dans la gestion des entreprises ou ce qui concerne les changements très fréquents des responsables à la tête des entreprises du secteur des postes et des télécommunications. Et de préciser que «le silence de la fédération de l'UGTA par rapport aux changements fréquents opérés dans le secteur et par rapport à la gestion du secteur, n'est nullement une faiblesse, mais il s'agit d'un respect vis-à-vis de l'administration». M. Tchoulak a, par ailleurs, écarté le fait que cette affaire ait un lien avec le rapport de l'Inspection générale des finances mettant en cause la gestion des œuvres sociales des travailleurs du secteur. Répondant à ses détracteurs, il a affirmé que ceux qui disent que «Tchoulak ne représente pas la fédération, je leur dit ouvertement que pour nous, c'est l'UGTA qui compte, c'est au-delà de Tchoulak». Et d'annoncer que le congrès national de la fédération est prévu le 15 juillet prochain. «Il se peut que Tchoulak parte et qu'il sera remplacé par un autre, mais l'UGTA restera le plus fort syndicat du pays au-delà des hommes», ajoute-t-il. Tchoulak suppose que la ministre Houda Feraoun est mal informée par des groupes occultes qui tentent de créer la zizanie, sinon précise-t-il, «comment expliquer le refus de l'administration relatif à l'installation du syndicat d'Algérie Telecom, qui a été élu lors d'un conseil national extraordinaire au sein même de l'UGTA». La chose qui a été très mal digérée, à vrai dire, par les syndicalistes et les membres de la fédération est le fait que Mme la Ministre s'est excusée de ne pouvoir recevoir les membres de l'UGTA, une rencontre initiée par le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, lui-même. «Je pense que quel que soit le ministre ou la ministre de ce pays, il est de son devoir de respecter le patron de la centrale syndicale car il a fait beaucoup de sacrifices en faveur de la stabilité de ce pays », dira encore Tchoukal. « Certains disent que Sidi Saïd a manipulé Tchoulak pour déstabiliser le secteur, j'affirme que Sidi Saïd, au contraire, a toujours veillé à protéger tous les secteurs du pays et il a fait des sacrifices pour la stabilité de l'Algérie », dit-il encore. « Et pour ceux qui m'accusent à tort et à travers, je dirai que je suis depuis 1990 dans le secteur, je les invite au congrès du 15 juillet prochain, de se présenter», lance encore le président de la fédération. Tchoulak a précisé que sa fédération n'a aucun problème avec la ministre. « On n'est pas des complexés, nous avons toujours soutenu cette ministre pour gérer ce secteur, on est prêts à travailler avec elle aujourd'hui et demain », dit-il en exigeant l'ouverture du dialogue. Doukhani Sid Ali, porte-parole du syndicat d'Algérie Telecom, a affirmé pour sa part que le dossier des œuvres sociales n'est nullement à l'origine de cette situation conflictuelle. Et d'ajouter qu'il n'y a pas de problème syndical. « On est là pour l'ouverture du dialogue avec le partenaire social conformément aux lois de la République et aux directives du président de la République et le Premier ministre, Abdelmadjid Teboune », soutient-il. Les syndicalistes ont rappelé que leur syndicat avait décidé de déclencher une grève samedi dernier, touchant tout le secteur, «mais nous avons renoncé, suite à la demande de Abdelmadjid Sidi Saïd qui s'est dit prêt à intervenir pour désamorcer cette crise de communication». Il prévient : «Au cas où la tutelle s'entête à garder fermés les canaux de dialogue, on recourra à la grève qui est un droit garanti par les lois de la République». Même son de cloche chez le président de la Fédération nationale, Mohamed Tchoulak, qui a conclu en affirmant : «On est là pour demander l'ouverture du dialogue, si la tutelle continue à nous ignorer, on recourra à d'autres actions. Il ne faut pas oublier que c'est un secteur sensible». Bien que la revendication des syndicalistes concerne en premier lieu l'ouverture du dialogue, les présents hier, lors de ce rassemblement, répétaient en cœur le nom de leur président de fédération «Ahmed Tchoulak».