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Les relations entre les banques et les agriculteurs vont-elles changer ? Suite à la décision d'effacement de leur dette par le président de la République
Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi L'avenir des 1 800 000 fellahs n'est plus compromis. Les créances détenues par la BADR et la CNMA sur ces derniers sont définitivement effacées sur instruction présidentielle. Ainsi, le lourd fardeau qui pesait sur leurs épaules, au point où des centaines d'entre eux ont fini par se soumettre à la dure réalité de laisser en friche leurs périmètres agricoles, quand ce n'est pas les louer à des opportunistes de tout bord, versés beaucoup plus dans la spéculation, appartient au passé. Selon le secrétariat général de l'Union nationale des paysans algériens, ils seraient 130 000 agriculteurs qui ne se sont pas acquittés de leur dette envers la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) qui s'élèvent à 12 milliards de dinars. Toujours selon cette même source, ce sont 35 000 fellahs qui ont été traduits en justice pour ne pas avoir honoré leurs dettes. Aux autres, les banques leur ont adressé des lettres de rappel exigeant le remboursement des prêts, estimés à 37 milliards de dinars. «Un montant de 1 200 milliards de centimes a été cumulé depuis 2003», avait indiqué M. Alioui, président de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) lors de l'une de ses sorties médiatiques et faire rappeler par la même occasion que «la grande partie de cette dette est causée par des sinistres liés à la sécheresse et aux changements climatiques. Des facteurs naturels qui dépassent la volonté des agriculteurs». De ces facteurs alibis, les banques sont restées intransigeantes et l'ont fait savoir en adressant des correspondances de rappels aux exploitants débiteurs, leur demandant de rembourser les prêts. Cela au moment où des négociations étaient en cours entre le gouvernement et les syndicats d'agriculteurs pour tenter de trouver une issue à cette crise financière. Des négociations où il était rappelé à chaque fois qu'il ne saurait être question d'effacer la dette dès lors que le gouvernement a déjà apuré en 2001 la dette des exploitants agricoles. L'ancien ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, s'était prononcé sur la question des dettes, affirmant que «pendant plus de dix ans, nous avons aidé les fermiers par le biais de subventions et d'aides directes. L'Etat a rempli toutes ses obligations». C'était en quelque sorte une façon de dire que les responsables du secteur et les banques excluaient l'idée d'un effacement de la dette. Barkat avait suggéré d'ailleurs aux exploitants de négocier directement avec les banques pour tenter de trouver une solution à ce problème. Du côté de l'UNPA, le ton avait changé dans le sens où l'organisation avait admis qu'il fallait changer d'approche sur la problématique. Ce à quoi s'est attelé l'UNPA et de soumettre aux gouvernements aux banques son point de vue «la dette des agriculteurs doit être restructurée», avait annoncé Mohamed Alioui et de demander à la BADR de tenter de trouver un terrain d'entente avec les agriculteurs. Ce qui a donné suite à un début de remboursement par les exploitants en mesure de le faire. Un montant de cinq milliards de dinars a été remboursé. Selon le SG, l'opération s'est poursuivie, non sans rappeler que pour beaucoup de fellahs, le remboursement était impossible suite aux mauvaises récoltes et à la sécheresse qui a sévi ces dernières années. Une situation d'impasse de laquelle il fallait vite sortir. Des appels incessants se sont fait entendre ici et là pour trouver une solution. Dans ce sens, le SG de l'UNPA avait dernièrement déclaré en public que «l'une des préoccupations principales posées aujourd'hui par son organisation aux pouvoirs publics reste l'effacement des dettes des fellahs». C'est pourquoi «une action immédiate est nécessaire, pour sauver les exploitants d'une faillite certaine». Samedi dernier, le président de la République a effacé la dette des agriculteurs pour libérer le secteur de cette lourde entrave à son essor. Mais, aujourd'hui, une question s'impose : cet effacement total des dettes des agriculteurs augure-t-il d'une nouvelle ère dans le secteur où faudra-t-il encore d'autres directives comme celle ordonnant aux banques publiques d'être plus souples dans l'octroi de crédits aux travailleurs de la terre ? Certes, ces dernières, auxquelles le président de la République a demandé à ce qu'elles cessent dans l'immédiat (samedi dernier) toute démarche visant au recouvrement de leurs créances, vont illico presto se soumettre à cette instruction mais continueront-elles à afficher des règles prudentielles des plus draconiennes envers les agriculteurs sollicitant un crédit, qui, pour la plupart, sont des exploitants sans titre de propriété.