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L'optimisme règne sur le marché pétrolier en dépit de l'abondance de l'offre Le contrôle de la production du Nigéria et de la Libye s'impose, selon des experts
Si des experts craignent que le rebond des prix du pétrole ne puisse tenir si aucune mesure concrète n'est prise pour contrôler rapidement la production du Nigéria et de la Libye, le secrétaire général de l'Opep mais aussi l'AIE se veulent «optimistes» pour les mois à venir Lors de sa réunion à Vienne fin novembre 2016, l'Opep, qui représente près de 40% de la production en pétrole au niveau mondial, avait entériné un accord, qualifié d'«historique», qui prévoyait de réduire la production de 1,8 million de barils par jour (bpj) sur une période de six mois à partir du 1er janvier 2017, dont 1,2 million de bpj environ pour l'Opep et 600 000 bpj pour les producteurs hors-Opep. Cet accord a permis aux cours du pétrole de repasser au dessus de la barre des 50 dollars, mais les stocks restent élevés car ce renchérissement des prix a encouragé la production des pays n'ayant pas participé à l'accord, notamment des Etats-Unis. Ainsi, pour réduire les stocks de pétrole à leur niveau moyen des cinq dernières années et souligner la détermination des producteurs à assurer la stabilité, la prévisibilité et le développement durable du marché, l'Opep et des pays producteurs non membres du cartel, emmenés par la Russie, ont décidé le 25 mai de prolonger de neuf mois l'accord de réduction de la production en vigueur depuis janvier. Toutefois, en dépit de tous les efforts déployés ces derniers mois par l'Opep pour stabiliser les prix, les marchés pétroliers restent plombés par l'abondance de l'offre, notamment des pétroles de schiste américains, et des stocks qui restent élevés. Certes, les cours ont repris des couleurs depuis ce fameux 12 janvier 2016, lorsqu'ils avoisinaient les 30 dollars, toutefois, la barre des 50 dollars n'a pas pu être maintenue longtemps. Pourquoi les cours du pétrole peinent-ils à franchir la barre des 50 dollars ? Il faut noter que cette tendance baissière des cours pétroliers est due principalement à l'abondance de l'offre liée à une production américaine très soutenue et, dans une moindre mesure, à la surproduction en Libye et au Nigeria. Depuis un coup de mou en 2016, la production américaine, tirée par la technologie controversée de la fracturation hydraulique, a déjà repris plus de 850 000 barils par jour (bj) pour atteindre 9,305 millions de bj à la mi-mai 2017. Le record de 9,604 mb/j en plein boom du pétrole de schiste semble désormais à portée de main. Ainsi, grâce à d'énormes gains d'efficacité, les pétroliers américains s'adaptent, de plus en plus, à l'or noir bon marché. Dans son rapport du 14 juin dernier, l'AIE est revenue sur la situation nord-américaine. Elle prévoit en effet que la production de pétrole brut américain pour la fin 2017 devrait dépasser celle de 2016. Elle souligne d'autre part qu'au regard des premières estimations pour 2018, la production du pétrole brut des Etats-Unis devrait encore augmenter pour atteindre les 14,1 millions de barils/jour. La reprise de la production pétrolière de la Libye et du Nigeria Un autre facteur vient influencer les cours du pétrole : le retour sur la scène internationale de la Libye et du Nigeria. Touchés par la guerre civile ou les attaques des rebelles, ces membres de l'Opep n'ont pas été soumis à la limitation de production. La production de la Libye est ainsi à son plus haut niveau depuis 2014, tout comme celle du Nigeria qui, elle aussi, est à son plus haut depuis 17 mois. En mai dernier la production pétrolière du Nigeria a atteint 1,68 million de barils par jour. En Libye, la production pétrolière est repartie de plus belle, notamment avec la réouverture de deux champs dans l'ouest du pays. Le champ de Sharara a rouvert, il y a quelques semaines, après le blocage de ses installations par des gardes qui réclamaient une meilleure paie. Il produit à nouveau selon la National Oil Corporation (NOC) 200 000 barils par jour. Et le champ d'al-Fee, qui alimente les terminaux de l'ouest avec 80 000 barils quotidiens, a rouvert également il y a quelques semaines après deux ans d'interruption. Ces derniers mois, il est constaté en Libye le retour des grandes compagnies étrangères, notamment l'italienne ENI et les françaises Total et Schlumberger. La Russie, via le géant pétrolier Rosneft, s'est également rapprochée des Libyens et a promis des investissements. De quoi redonner de l'optimisme à la compagnie pétrolière libyenne qui espère désormais sérieusement se rapprocher du niveau de production d'avant la guerre, en 2011. En outre, l'Iran, le plus gros producteur de l'Opep, n'a pas été soumis à quota suivant l'accord signé fin novembre 2016. Depuis le 1er janvier 2017, Téhéran a produit environ 3,8 millions de barils/jour ce qui représente plus de 10 % de la production totale de l'Opep. Selon le rapport de l'AIE, 11 des 14 pays membres de l'Opep concernés par la réduction de production ont atteint une baisse de 1,13 million de barils. Un résultat en dessous des 1,2 million de barils prévus, le Qatar, l'Irak et les Emirats arabes unis ne s'étant pas conformés à la réduction qui leur incombait. Mohammed Barkindo et l'AIE restent optimistes malgré tout Si des experts du secteur craignent que le rebond des prix du pétrole ne puisse tenir si aucune mesure concrète n'est prise pour contrôler rapidement la production du Nigéria et de la Libye, le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo s'est dit «optimiste» pour les mois à venir. «Les six premiers mois (de l'année) ont été très difficiles (...) mais nous restons optimistes sur le fait que nous sommes sur la bonne voie pour aider le marché à se rééquilibrer», a déclaré Mohammed Barkindo à des journalistes en marge du Congrès mondial du pétrole d'Istanbul. Abondant dans le même sens, l'AIE estime qu'il faut s'armer de patience. Selon elle, le succès de l'accord «est jugé sur toute la période plutôt que sur un mois». L'AIE préconise ainsi d'«attendre et voir si l'évolution de l'offre de l'Opep dans son ensemble impose un ajustement aux arrangements actuels». B. A.