Hier a pris fin à Paris la conférence mondiale sur le Sida. Mais quelles que soient les recommandations qui en seraient faites à l'issue, les plus avertis parmi ceux qui ont fait de la lutte contre ce fléau de la mort leur raison de vivre restent persuadés, malgré tous les progrès enregistrés depuis plus de trente ans, qu'il n'y aura «pas de fin du VIH sans recherches et pas de recherches sans investissements pérennes». Quid alors de tout cela en Algérie même s'il y a lieu d'évacuer du revers de la main toute velléité de recherches en le domaine et pour cause un désintérêt général à l'endroit d'une maladie de laquelle de manière générale l'opinion nationale sur le plan de l'information a été tenue à l'écart sa découverte en 1981 alors que la manifestation des premiers cas dans le pays a relevé du plus grand tabou ? Or, même si selon l'Organisation mondiale de la santé l'Algérie est considérée comme un pays à profil épidémiologique très bas évalué à partir d'une séroprévalence à moins de 0,2%, il n'en demeure pas moins que «les systèmes de notifications et de surveillance épidémiologique des infections sexuellement transmissibles (IST) et du VIH/sida ne sont pas totalement opérationnels et que les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité». Les traditions n'ont jamais été pour lever les pesanteurs sur une maladie réputée honteuse à cause, plus à tort qu'à raison, des origines de sa contraction et ont conduit inévitablement les personnes atteintes à taire leurs difficultés et les pouvoirs publics, sinon les secteurs concernés par la prise en charge de la maladie à accompagner le silence général et, du coup, à rendre encore plus cruelle leur solitude. Les courageuses «dénonciations d'associations en matière de dysfonctionnements des systèmes de notification et de surveillance épidémiologique dont la conséquence consiste en une sous déclaration des nouveaux cas» n'ont pas, jusque-là, permis de lever une véritable chape de plomb faisant du tabou «le plus grand ennemi dans le travail de prévention et de sensibilisation autour du sida», soulignait, il y a quelques années, le Pr. Dif, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital El-Kettar. Ce qui n'est pas sans parfaitement contredire le contenu du «Plan national stratégique de lutte contre les IST/VIH/sida 2008-2012» du Comité national de lutte contre le sida, fléau mondial contre lequel est donc souligné «la lutte contre le sida et les Infections sexuellement transmissibles depuis plus de vingt ans. Le processus de planification stratégique dans lequel s'est inscrite l'Algérie s'est traduit par l'élaboration et la mise en œuvre du Plan national stratégique 2002-2006. Ce processus se poursuit par l'élaboration du présent Plan national stratégique 2008-2012 qui orientera la lutte durant les cinq prochaines années» dans la mesure où aucune transparence dans la matérialisation de ces engagements n'est quantifiable et surtout vérifiable. Ceci d'autant plus que cet engagement ferme devait se traduire au plus tard en 2015 par «l'atteinte des objectifs de développement consistant à stopper et commencer à inverser l'épidémie du VIH/sida» par, excusez du peu, «une action multisectorielle, une implication active de la société civile, le secteur privé, l'Onusida lesquels concouraient à l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et aux soutiens liés au VIH/sida». Sauf que selon des spécialistes directement versés dans la lutte contre la maladie, «chaque jour sont recensés trois nouveaux cas de sida» faisant que les nouveaux cas de séropositifs se multiplient, que sur près de 80 centres de dépistage essaimés sur l'ensemble du territoire national moins de 20% sont fonctionnels, et qu'enfin selon les estimations des associations engagées dans la lutte contre le sida, elles seraient aujourd'hui plus de 30 000 personnes touchées par la maladie et un millier d'enfants infectés par le VIH. A. L.