Avec une séroprévalence de l'infection à VIH de l'ordre de 0,1%, l'Algérie est considérée par l'Organisation des nations unies pour le sida (Onusida) comme un pays à profil épidémiologique bas. Une étude publiée récemment dans la revue Médecine et maladies infectieuses démontre que les systèmes de notifications et de surveillance épidémiologique des infections sexuellement transmissibles (IST) et du VIH/sida ne sont pas totalement opérationnels et que les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité. Une étude descriptive concernant 1 200 patients vivant avec le VIH, cumulés de janvier 1991 au 31 décembre 2009, et suivis dans le service des maladies infectieusese du CHU d'Oran montre que l'épidémie a évolué selon 2 phases : - une phase lente de 1991 à 1999 avec le diagnostic de 64 cas : pour la majorité d'entre eux, il s'agissait d'une contamination à l'étranger ; - d'une contamination par injection intraveineuse de drogue chez des toxicomanes (28 cas) ; - après transfusions sanguines pour 5 patients. Les hommes étaient majoritairement touchés avec un sex ratio de 5. - Une phase rapide entre les années 2000 à 2009 , avec 1136 cas colligés ; - toutes les contaminations étaient autochtones ; - le sex ratio était de 0,93 ; - toutes les tranches d'âges étaient concernées, avec un pic entre 20 et 49 ans regroupant 85% des patients (965 cas) ; - 95% (1079 patients) des contaminations étaient d'origine sexuelle et dans 90 % des cas par relations hétérosexuelles. Le travail du sexe était incriminé dans 29 % des cas (312 cas) et le mariage dans 23 % des cas (271cas) ; - la transmission materno-foetale était notifiée dans 90 cas (8%). Une sous-notification des cas d'infection à VIH au niveau national Les auteurs de cet article dénoncent la persistance d'un dysfonctionnement au niveau national des systèmes de notifications et de surveillance épidémiologique de l'infection à VIH/sida, avec comme conséquence une sous déclaration des nouveaux cas. Avec 7 centres de référence d'IST/VIH/sida, le pays a déclaré en 2005 250 nouveaux cas de VIH/sida, alors que le CHU d'Oran en comptait à lui seul 122 nouveaux cas. En Algérie, le système de surveillance des IST et de l'infection à VIH se base sur la notification des cas d'infections dans le cadre du programme de surveillance des maladies à déclaration obligatoire, la sérosurveillance sentinelle et l'évaluation de la file active des patients suivis dans les 7 centres de référence de prise en charge des infections à VIH (CDR) du pays. L'analyse du système de notification des cas de VIH/sida, réalisée dans le cadre de l'évaluation du plan national stratégique (PNS) 2002 – 2006, avait déjà relevé des insuffisances et des ajustements avaient été proposés. En effet toute suspicion d'infection à VIH ou de séropositivité établie devait conduire à un prélèvement accompagné d'une fiche d'identification du patient qui devait être envoyé au Laboratoire national de référence (LNR), seul à être habilité à confirmer l'infection à VIH et à notifier les cas confirmés au Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Depuis quelques années, les CDR et les CHU ont amélioré leurs capacités techniques, leur permettant ainsi de réaliser la confirmation diagnostique de l'infection à VIH à leur niveau, sans recourir systématiquement au LNR.