Le transfert du footballeur brésilien Neymar du FC Barcelone vers le Paris Saint-Germain continue d'occuper le devant de la scène médiatique internationale, suscitant controverses et polémiques. Les dirigeants du club catalan n'hésitant nullement à accuser les qataris, propriétaires du club parisien, de violation des règles du fair-play financier de l'Uefa et de transgression des normes de la concurrence économique de l'Union européenne. Cette affaire dépasse évidemment le cadre purement sportif ou de marketing tant le sport est devenu de nos jours un outil politique voire géopolitique de premier plan. Pour certains observateurs, la transaction constitue un coup stratégique du Qatar pour tenter de se sortir de l'isolement dans lequel tentent de le confiner ses quatre détracteurs, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte et Bahreïn. Doha, qui tente au travers de ses puissants relais médiatiques de prouver qu'il fait toujours des affaires avec les occidentaux, a piloté la transaction. Depuis l'éclatement de la crise avec ses voisins arabes, le Qatar a annoncé deux importants contrats, le premier avec les Etats-Unis pour l'acquisition d'avions de combat F-15 (environ 11 milliards d'euros), le second avec l'Italie (sept navires de guerre pour cinq milliards d'euros). La conclusion du transfert de Neymar pour le montant ahurissant de 222 millions d'euros, voudrait démontrer que le Qatar est toujours présent sur la scène mondiale au travers de ses «outils». L'affaire Neymar occupera en tout cas pour un temps la sphère médiatique internationale et fera oublier un tant soit peu la crise avec les «frères-ennemis» arabes. Le Qatar a investi depuis une dizaine d'années dans le domaine du sport et des médias sportifs à l'international, comme autant d'outils pour sa stratégie d'influence. Une stratégie de «Soft Power» qui a culminé avec le droit à l'organisation du Mondial de football en 2022. Malgré les polémiques qui se suivent le Qatar tente de résister. Les détracteurs de l'Emirat gazier condamnent déjà cette transaction au moment où pas très loin, au Yémen, des millions d'enfants meurent du cholera, faute de moyens pour se soigner à cause de la guerre imposée par une coalition dont fait partie le Qatar, notamment avant sa discorde avec Riyad. Il est évident que le football, sport le plus populaire de la planète, continue à chaque saison d'alimenter la bulle de l'argent qui risque de faire perdre à ce sport formidable son essence même. En 2015 la puissante Fifa avait failli éclater à cause des scandales qui l'ont éclaboussée. Scandales liés à l'argent. Aujourd'hui avec l'affaire Neymar, le football est de nouveau au cœur d'arrangements astronomique, sur fond d'intrigues géopolitiques entre Etats. Le football et les footballeurs, devenus une vulgaire marchandise, n'en sortent guère grandi. M. B.