L'eau, une denrée rare. La prise de conscience est lente, mais réelle. Des débats ont lieu dans le but affiché de combattre les aléas climatiques et trouver une solution pour mettre fin au spectre de la raréfaction de l'or bleu, l'eau en l'occurrence. L'Algérie, qui a déjà largement atteint les objectifs de développement du millénaire fixés par l'Organisation des nations unies en matière d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, consolidera ses acquis à partir de 2009 en assurant un rééquilibrage entre les régions et les usages et une équité dans la dotation de l'eau. Des efforts colossaux ont été consentis par les pouvoirs publics pour la promotion du secteur, visant ainsi à une croissance économique et à un progrès social. Cela s'est traduit par des investissements publics pour la réalisation d'infrastructures hydrauliques, barrages, retenues collinaires, systèmes de transfert, usines de dessalement, particulièrement durant la décennie 1999-2008. Selon Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, une enveloppe financière importante a été consacrée à l'approvisionnement en eau des citoyens, ainsi qu'à leur connexion aux réseaux d'assainissement. A ce propos, 93% de la population est alimentée en eau potable, par le biais de réseaux de distribution, dont le taux de raccordement aux réseaux d'AEP est actuellement de 92% et celui du raccordement à l'égout de 86%. La dotation quotidienne en eau potable par habitant est de 165 litres par jour dans plus de 70% des chefs-lieux de communes. Toutefois, le ratio sera plus élevé à partir de cette année 2009. La population a énormément souffert de la pénurie d'eau, cet élément indispensable à la vie. Face à cette insatisfaction fréquente, notamment durant les trois dernières décennies, du moins pour mettre fin à la pénurie des ressources en eau, une politique volontariste a été entreprise par les pouvoirs publics, visant ainsi à l'augmentation et à la diversification des capacités de mobilisation de l'eau, et à la réduction des déficits en eau potable des populations. En plus de cela, elle sert à généraliser l'épuration et le traitement des eaux usées, étendre les superficies irriguées et améliorer les indicateurs de gestion. Pour réaliser ces objectifs, près de 1 500 projets ont été lancés dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance 2005-2009, grâce à la mobilisation d'un volume d'investissements qui avoisine les dix-huit milliards de dollars américains. D'importantes infrastructures ont vu le jour, tels les barrages, les stations de dessalement de l'eau de mer, les stations d'épuration des eaux usées, les systèmes d'irrigation des steppes et autres projets de transfert. Des efforts colossaux ont été consentis par les autorités algériennes chargées de l'hydraulique pour combattre le spectre de la raréfaction de l'or bleu, une ressource indispensable à l'homme. «Il ne faut pas baisser la garde et avoir toujours à l'esprit que l'eau est un bien qui risque d'être encore plus rare à l'avenir», avait déclaré Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, dans un entretien accordé un confrère. S'agissant des barrages, le parc de grands ouvrages de mobilisation de la ressource est composé de 72 barrages, faisant passer la capacité de mobilisation à 7,4 milliards de m3. Plusieurs complexes ont également été réalisés et mis en service. Il s'agit du complexe hydraulique de Beni Haroun, réalisé sur le territoire de la wilaya de Mila, opérationnel depuis septembre 2007, cette interconnexion de cinq barrages permet l'amélioration de l'alimentation en eau potable de quatre millions d'habitants, répartis sur le territoire de six wilayas, Jijel, Oum El Boughi, Constantine, Batna et vers les régions limitrophes. Ajoutez à cela que, cet énorme édifice permet l'irrigation de 400 000 hectares, allant ainsi jusqu'aux plaines de Téleghma, Remila, Batna et bien d'autres régions encore. Sans omettre de citer le complexe hydraulique de Taksebt, qui produit à partir du barrage du même nom, depuis mars 2008, 250 000 m3 d'eau potable pour l'alimentation des localités situées le long du couloir Tizi Ouzou-Boumerdès-Alger, le système MAO vers les wilayas de Mostaganem et Oran (155 hm3/an), les barrages Erraguène, Tabellout et Draa Diss vers la wilaya de Sétif (189 hm3/an) et ceux de Ighil Emda et Mehouane, également vers la même wilaya (119 hm3/an). En plus de ces grands projets, l'Etat s'est engagé dans la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) de13 grandes villes du pays. Il s'agit de la wilaya de Annaba, alimentée à partir du barrage de Mexa, de Béjaïa, à partir du barrage de Tichy Haf, de Bouira, raccordée à celui de Tilesdit et de Jijel à partir de Kisser. Les localités de la wilaya de Tissemsilt, elles, sont alimentées à partir du barrage de Kramis. En outre, dans le but d'améliorer l'alimentation en eau potable des villes et autres localités, les pouvoirs publics se sont lancés dans la réhabilitation des réseaux d'AEP des villes de Constantine, d'Oran et de la zone ouest du Grand Alger ainsi que dans la rénovation des réseaux de la ville de Sidi Bel Abbès. Dans ce contexte, le taux de raccordement aux réseaux d'AEP est actuellement de 92% et celui du raccordement à l'égout de 86%. La dotation quotidienne en eau potable par habitant est de 165 litres dans plus de 70% des chefs-lieux de communes. Le ministre de tutelle a par ailleurs réfléchi en entamant des travaux de lutte contre la remontée des eaux à El Oued et Ouargla ; des projets de protection des agglomérations contre les inondations, sans omettre la réalisation de quarante stations d'épuration auxquelles s'ajoutent la réhabilitation de 20 STEP et la construction de 50 stations de lagunage. Les efforts et défis du département de Sellal ne s'arrêtent pas là, bien au contraire, ils se multiplient. A l'image du Grand Sud, où un grand projet d'alimentation en eau potable de la population au moyen de transfert de l'eau de Aïn Salah vers Tamanrasset, à partir des eaux de la nappe albienne de Aïn Salah, sur une distance de 750 km. Le système aquifère du Sahara septentrional (SASS) recouvre une superficie de plus d'un million de km2 répartis sur le territoire de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye. Il est composé de nappes géologiques distinctes, le complexe terminal et le continental intercalaire, plus profond et situé dans sa quasi-totalité en Algérie. Les réserves d'eau du SASS sont très importantes : 60 000 milliards de m3 dont 40 000 environ en territoire algérien. Ainsi, la tutelle considère la ponction de huit milliards de m3/an, dont cinq en Algérie, garantit une exploitation durable et raisonnable du système, afin d'en garantir l'équilibre à long terme. Concernant les travaux du projet du transfert Aïn Salah-Tamanrasset, ils avancent à un rythme qui augure, selon le ministre, sa mise en service dans les délais impartis, à savoir en juillet 2010. Il est à rappeler que 100 000 m3 d'eau potable/jour seront fournis aux habitants de Tamanrasset et du couloir de transfert. Quant au projet de transfert vers les Hauts Plateaux, le lancement d'un appel d'offres est prévu pour la fin du premier semestre 2009, pour la réalisation de l'étude d'avant-projet détaillé de sa première phase, baptisé «Djelfa 2010», juste après celui relatif aux travaux. L'Etat a également eu recours à d'autres techniques afin d'accroître les possibilités de mobilisation et de transfert des ressources en eau, en lançant des projets structurants de traitement, notamment de l'eau de mer et des eaux usées. Le recours aux eaux non conventionnelles a été l'une des décisions les plus importantes des pouvoirs publics. En effet, outre la réutilisation des eaux usées épurées, le programme de dessalement de l'eau de mer comprend, pour sa part, la réalisation de 13 stations de capacités variables, la plus importante sera celle prévue à Oran avec 500 000m3/jour, qui produiront (13 stations) à terme 2,26 millions de m3/jour. Les deux premières usines de ce programme, Arzew et El Hamma (Alger), ont été mises en service respectivement en 2005 et 2008. Elles s'ajoutent aux 23 stations de moyenne capacité déjà fonctionnelles et réparties le long des villes du littoral. Ainsi, le développement du dessalement de l'eau de mer permettra de sécuriser l'alimentation en eau potable des grandes villes et de réorienter les ressources des barrages du nord du pays vers les zones accusant un déficit en eau, le développement de l'irrigation et les régions des Hauts Plateaux. Entre autres objectifs, les autorités chargées de l'hydraulique ont décidé de moderniser et d'étendre les superficies irriguées pour soutenir la stratégie de sécurité alimentaire. Intégré spatialement dans le SNAT (schéma national d'aménagement du territoire), ce programme vise à assurer l'équilibre pérenne de l'équation besoins-ressources en matière de ressources en eau et donner ainsi une visibilité qui puisse servir de base aux différents programmes de développements sectoriels. L'ensemble des actions contenues dans ce schéma directeur a pour but de faire face aux deux hypothèses suivantes : satisfaire tous les besoins en AEP et en irrigation à un taux appréciable pour toutes les régions dans le scénario d'une année pluviométrique moyenne ; et couvrir la totalité des besoins en AEP et 60% des besoins d'irrigation dans le cas d'une année sèche. «La sécurisation en alimentation en eau potable des citoyens est ainsi assurée, particulièrement avec le verrou de sécurité du dessalement de l'eau de mer. Cela ne veut nullement dire qu'il faille baisser la garde dans le domaine de la lutte contre toutes les formes et pratiques de gaspillage», a averti Sellal, récemment. La forte pluviométrie enregistrée durant cet hiver a engendré une amélioration sensible du taux de remplissage des barrages en exploitation. Le taux global de remplissage a atteint ainsi 65% contre 49,86% pour la même période de l'année précédente. De l'examen de ces chiffres, il ressort qu'à la fin du mois de février dernier, selon le département de Sellal, le taux global de remplissage est nettement supérieur à celui de la même période des trois années écoulées, à savoir 2006, 2007 et 2008 avec des écarts respectifs de plus de 23,69%, plus de 24, 29% et 14,12%. Sur un total de 52 barrages, 19 d'entre eux sont à 100% de remplissage, 11 ont un taux de supérieur à 90%, 9 affichent un taux supérieur à 70% alors que 13 barrages connaissent un taux dépassant les 50%. Il faut également souligner que la réserve totale de l'ensemble de ces 52 barrages en exploitation est passée de 3,54 milliards de m3 au 31 janvier dernier, à 3, 76 milliards de m3 à la fin du mois de février précédent, soit un stockage durant cette période, de 220 millions de m3, en plus des prélèvements opérés pour les besoins d'alimentation en eau potable, industrielle et agricole. Ce taux de 65% est réparti sur quatre régions : l'Ouest avec un taux estimé à 78,94 % contre 46,10% en 2008, le Cheliff avec 44,34% contre 23,28%, le Centre avec 75,74% contre 73,80% et pour l'Est avec 67,85% en 2009 contre 60, 20% en 2008. Durant toute cette période, la réserve des barrages s'est reconstituée à hauteur d'un volume de 1,26 milliards de m3. Dans le cadre de l'étude portant «plan national de l'eau/PNE», effectuée afin d'évaluer les besoins en eau potable et industrielle à différentes échéances, en se basant sur une projection de la population telle que définie par l'Office national des statistiques (ONS), lors du recensement de 1998. Il ressort de cette étude que la répartition des besoins s'étale sur cinq régions hydrographiques. Il s'agit de l'Oranie-Chott Chergui : 448 596 hm3 par an, Chellif-Zahrez : 408 587hm3/an, Algérois-Hodna Soummam : 10 561 456 hm3/an, Constantinois-Seybouse-Mellegue : 5 960 852 hm3/an et enfin la région de Sahara avec une capacité de 570 764 hm3 par an. Alors que les besoins en eau potable et industrielle de ces régions sont d'une totalité annuelle de 3 078 4225 hm3. S'agissant du programme de mobilisation, de transfert, de réhabilitation, en cours de réalisation et de lancement en prenant en compte que les ressources conventionnelles, ce dernier porte sur la réalisation de 35 réseaux d'AEP de grande villes, la construction de 27 barrages, la réalisation aussi de 627 retenues collinaires et la réhabilitation des 458 existantes. S'ajoute à cela un programme de forages portant sur 50 000 ml/an, soit un linéaire de 500 000 mètres sur la période décennale. Outre ces projets, la réalisation de 12 interconnexions entre 28 grands barrages, 77 stations d'épuration et recyclage des eaux usées épurées et la réhabilitation de 19 STEP qui permettront l'utilisation en REU d'un volume de 102 hm3/an au profit de l'irrigation ou de l'industrie. Au sujet de l'irrigation, il est prévu la réhabilitation de trois périmètres totalisant une superficie de 23 300 ha, et de l'équipement d'une dizaine de périmètres d'une superficie totale de 80 000 ha. De 2013 à 2020, la population va croître à 42 millions, engendrant ainsi une augmentation des besoins en alimentation en eau à 30%. Cette ressource est vitale, sa protection et son économie le sont aussi. Il est temps de rompre avec le gaspillage et le laisser-aller si nous voulons léguer une planète vivable à nos enfants. Nous pouvons retrouver les réflexes de nos grands-mères qui économisaient l'eau, sans rien perdre du confort de la vie moderne. Il s'agit de faire des petits gestes, lesquels, additionnés les uns aux autres, finissent par représenter beaucoup. N. B.