Qualifié par ses ennemis d'«âme de la résistance» du peuple algérien et de «seigneur», surnommé par compagnons d'armes et autres patriotes le «Jean Moulin algérien», Larbi Ben M'hidi a marqué les esprits chez les uns comme chez les autres. Une conférence-débat lui a été consacrée, hier, par l'association Machaal Echahid, au centre de presse d'El Moudjahid, sur le thème : «Mettez la révolution dans la rue, le peuple s'en emparera», la célèbre citation du chahid. Cette rencontre se voulait à la fois un modeste hommage et une évocation de l'illustre figure du combat libérateur, le chahid Larbi Ben M'hidi, mais aussi une commémoration du 52e anniversaire de son assassinat, le 4 mars 1957. En présence des moudjahidine et compagnons d'armes, de Drifa Ben M'hidi, la sœur du chahid, des lycéens, l'historien Mohamed Djalel, professeur d'histoire à la faculté de Bouzaréah, a évoqué le parcours de cette grande figure de la guerre de libération, en soulignant «sa bravoure et son militantisme». A l'adresse des lycéens, afin de mieux comprendre l'histoire de la guerre de libération et connaître le grand martyr de cette guerre, le professeur a brièvement présenté les grandes lignes de la vie du «seigneur» : Né en 1923, Ben M'hidi est séduit très jeune par les idées du mouvement nationaliste. Membre du groupe historique des 22, du comité des Six et du Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA), il est désigné à la tête de la wilaya V historique au lendemain du déclenchement du combat libérateur. Ses grandes valeurs de chef lui valurent d'être chargé par ses pairs d'assurer la coordination entre les principales régions du pays. Il contribua efficacement au sein du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et au Comité de la coordination et d'exécution (CCE) à la rédaction des documents majeurs de la révolution. L'une des grande figures aussi, du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956. Il prend, quelque temps après, les commandes des opérations militaires dans la région stratégique de la capitale et dirige en grand stratège la bataille d'Alger jusqu'à son arrestation le 23 février 1957 par les parachutistes dirigés par le général Bigeard. Il est lâchement assassiné le 3 mars 1957 après dix jours de torture. Le conférencier a également rapporté les témoignages «surprenants» des ennemis à l'égard de la personnalité du glorieux Ben M'hidi, notamment ceux avoués par le général Bigeard, dans l'entretien qu'il a accordé à Florence Beaugé, journaliste au quotidien Le Monde. «Larbi a été mis à mort parce que livré, sans arme et sans défense, à des ennemis intraitables ; il ne s'avouait pas vaincu ; il se montrait plus fort que les assassins, dotés de tous les instruments de torture, leur criant au visage jusqu'à son dernier souffle : nous vous vaincrons parce que vous êtes le passé et que nous sommes l'avenir», a révélé sa sœur, en marge de cette rencontre. «Il ne vit que pour l'indépendance de son pays […]. J'ai en face de moi un véritable fauve», un homme qui «a du charisme, une détermination à toute épreuve». «Il est illuminé par sa mission […]. Sa logique implacable [NDLR : celle de l'indépendance] le met à l'abri de la peur […] quand on aborde le problème de la mort, il dit ne pas la craindre.» Il est «impressionnant de calme, de sérénité et de conviction». «Droit, sincère, épris d'idéal jusqu'à être un illuminé […], c'est un visionnaire, un homme de valeur, d'une grande dimension. Avec mes hommes, on se dit même que c'est un ‘'seigneur''.» Tels sont les propos rapportés par le professeur à propos de Larbi. De leur côté, les compagnons d'armes se sont mis d'accord en soulignant la grandeur de cet homme et l'héroïsme de sa résistance au colonialisme français. N. B.