«On n'a pas fait la lutte de libération pour être honoré ou pour se faire connaître mais parce qu'on considérait que c'était indispensable.» Ces phrases sont de Jacqueline Guerroudj, l'une des rescapées de la guillotine durant la guerre de libération qui s'est battue ardemment contre une France coloniale et tortionnaire. Des phrases simples et tellement fortes de sens. A 90 ans, cette moudjahida, d'origine française et de nationalité algérienne, estime qu'il «faut mettre ce qu'on pense en action et qu'il n'y a pas de liberté et d'indépendance sans risques […]» Des idéaux auxquels elle croit profondément et qu'elle a transmis à ses cinq enfants, qui, dit-elle fièrement, ont participé à ses côtés dans sa lutte et sa résistance acharnée pour la cause nationale. Jacqueline Guerroudj fait partie de ces femmes condamnées à mort qui ont donné une leçon de courage à leurs bourreaux. Elles étaient jeunes, belles et rebelles… Humiliées, battues, incarcérées, violées, martyrisées, ou condamnées à mort… elles sont nombreuses à avoir payé un lourd tribut durant la guerre de libération. Occultées par les historiens pour les unes, surmédiatisées pour les autres, ces femmes forcent toujours le respect. Jeudi dernier, la salle de conférences du Musée du moudjahid s'est emplie d'émotion. Ambiance bien particulière qui a transporté l'assistance composée d'un panel d'invités dans un passé encore bien présent dans la mémoire collective. Un vibrant hommage a été rendu par le quotidien Horizons à six femmes condamnées à mort, en l'occurrence Baya Hocine (à titre posthume), Djoher Akrour, Zahia Khalfallah, Djamila Bouazza, Djamila Bouhired et Jacqueline Guerroudj. La cérémonie organisée, à l'occasion du 8 Mars et sous le haut patronage du président Bouteflika, s'est déroulée en présence du secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la communication, M. Azzedine Mihoubi, et de nombreuses personnalités. «C'est à ces femmes-courage, dont le combat nous a permis d'être des Algériennes debout que nous rendons aujourd'hui hommage», dira dans son allocution la directrice de publication d'Horizons. L'universitaire et historienne Malika El Korso a mis en exergue le combat des femmes durant la guerre de libération. Elle rendra hommage «aux milliers de femmes anonymes qui ont fait de la résistance civile, mais aussi à celles d'origine française et les femmes de l'émigration qui ont sacrifié leur vie pour une cause juste». Un des moments émouvants est celui où elle évoquera Baya Hocine, la plus jeune des condamnées à mort, décédée en mai 2000 dans l'anonymat le plus complet», dit-elle. Notons enfin que le journal Horizons a édité, à l'occasion du 8 Mars et pour la troisième année consécutive, un numéro spécial sur les rescapées de la guillotine durant la période coloniale. La revue comporte une série de portraits et d'interviews d'héroïnes de la guerre de libération. A. B.