La justification des décisions du comité d'urgence de la FIFA, plus que ses décisions et le contexte qui entoure sa tenue, n'en suscite pas moins une controverse. On peut en effet voir dans la décision du comité d'urgence une atteinte à la souveraineté des Etats qui sont seuls à décider d'octroyer ou non leur nationalité. Pourquoi un citoyen bénéficiant d'une nationalité ne peut-il être appelé sous le drapeau ou le maillot de son pays ? D'autre part, certains estiment que l'on vit à l'heure de la mondialisation et qu'on ne devrait pas empêcher une personne, en l'occurrence un joueur, d'évoluer sous les couleurs d'un pays sous prétexte qu'il n'a pas de lien avec celui-ci ou que sa naturalisation est intéressée par l'appât du gain. Pour quelles raisons ceux-ci auraient-ils ce droit et pas les autres ? Pour la FIFA, les quatre mesures prises, permettront désormais de respecter à la lettre le principe «un passeport égale une nationalité administrative». On peut en douter. D'autant que certains joueurs, pourtant talentueux, sont condamnés à ne jamais connaître une carrière internationale à cause de la richesse de leur pays d'origine en joueurs de qualité. Est-ce l'esprit du sport qui interdit au joueur d'un tel pays de jouer pour un autre ? Assurément, la décision du comité d'urgence de la FIFA ressemble fort à un verrou qui vise davantage à préserver et protéger les acquis des grandes nations de football. La loi défavorable à l'acquisition de la nationalité algérienne En Algérie, la nationalité algérienne est octroyée par l'Etat aux individus demandeurs du passeport vert. Les demandes de naturalisation sont généralement adressées au ministère de la Justice, seule habilitée à se prononcer sur ce cas, et a le pouvoir d'octroyer ou de rejeter le dossier du demandeur même si celui-ci réunit toutes les conditions légales. Au regard de la loi algérienne, il est difficile, a priori, à un joueur désireux de jouer en sélection algérienne d'obtenir la nationalité algérienne. Les articles 6 et 7 du code de la nationalité stipulent que, pour obtenir la nationalité algérienne le demandeur doit être né de père algérien et de mère algérienne, la nationalité d'origine par la naissance sur le sol algérien et la nationalité d'origine par décision de justice (article 36). Ces cas ne correspondent pas à celui qui intéresse les étrangers, il leur faudra pour acquérir la nationalité algérienne se référer à l'article 9 bis du code de la nationalité qui stipule qu'une personne peut devenir algérienne par mariage si ce dernier est légal et si le postulant répond à trois conditions : marié à un conjoint algérien depuis 3 années au moins au moment du dépôt de la demande, résidant régulièrement en Algérie et ayant une conduite irréprochable. Quant à l'article 10, il stipule qu'un étranger peut introduire une demande d'acquisition de la nationalité algérienne s'il réside en Algérie depuis au moins 6 ans, s'il est majeur, à la conduite irréprochable, jamais condamné à une peine dégradante, et s'il fait la preuve de son intégration dans la société algérienne. Mais la loi laisse la porte ouverte à certains cas dits exceptionnels. Ainsi, l'article 11 de l'ordonnance n°05-01 datée du 27 février 2005 stipule qu'un étranger ayant rendu des services inestimables à l'Algérie ou souffrant d'un handicap ou d'une maladie suite à un service rendu à l'Algérie ou à son bénéfice peut obtenir la nationalité algérienne. De même, l'étranger, dont la naturalisation serait dans l'intérêt suprême de l'Algérie, peut être naturalisé algérien. Même l'épouse et les enfants d'un étranger décédé qui aurait pu, de son vivant, obtenir la nationalité algérienne peuvent en bénéficier. Pas de naturalisation au Maroc Le processus de naturalisation ne s'opère pas au Maroc. L'acquisition de la citoyenneté marocaine s'effectue par naissance de parents marocains (un des deux, ou ayant un grand-parent marocain). La FIFA est préoccupée par la pratique de la naturalisation. Les cas se multiplient. Tout le monde connaît l'histoire de l'international marocain Saïd Kharazi, naturalisé pour environ 2,5 millions de dollars. Inquiète du phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur, la Fédération internationale de football association a fait savoir dans un communiqué qu'elle vient de publier qu'elle «était préoccupée par l'interprétation, qu'elle juge abusive, de sa récente réforme visant à favoriser les binationaux, mais que certains pays utilisent pour tenter de se renforcer au travers de «naturalisations de complaisance». Face à cette nouvelle donne, les responsables de la plus haute instance footballistique se disent déterminés à trouver la bonne solution pour mettre un terme à cette pratique «jugée contraire à l'esprit sportif». La modification, en octobre dernier, de l'article 15 des statuts visait, en fait, à «préserver l'intérêt sportif». Elle était destinée à permettre à un certain nombre de joueurs d'origine africaine, qui n'avaient jamais joué auparavant pour leurs pays d'adoption, de défendre le drapeau de leur pays d'origine. Quand la nationalité fait barrage Le gardien de buts Edel Apoula Edima, appelé en sélection camerounaise pour un match amical contre la Guinée, à Bandoufle, en région parisienne, n'a finalement pas pu rejoindre les Lions indomptables à cause d'un conflit qui l'oppose à l'Arménie, un pays dont il a pris la nationalité voici quelques années. Interrogé, le concerné avait déclaré avoir été piégé par les responsables du football arménien qui l'ont aligné par deux fois en équipe première. «Au moment où je quittais le Cameroun, j'étais déjà arménien à mon insu. Un jour, j'ai été convoqué à la fédération et on a demandé les noms de mes parents en me rassurant que je ne courrais aucun risque. On a ensuite pris mes empreintes digitales et, quelques minutes plus tard, je me suis retrouvé avec un passeport de ce pays», a-t-il affirmé à APA. Edel Apoula Edima déclare avoir été ensuite soumis au chantage par des responsables du football de ce pays, qui l'ont contraint à disputer des rencontres contre la Roumanie et la République tchèque s'il voulait aller évoluer en France. «Lorsque je me suis rendu compte de la supercherie, j'ai saisi les instances de la Fédération internationale de football association [FIFA] qui m'ont donné raison. Je suis 100 pour 100 Camerounais», a-t-il ajouté. Pourtant, l'Arménie ne semble pas prête à lâcher le morceau et aurait saisi le Tribunal arbitral. M. G.