Des tramways pour solutionner le problème des embouteillages dans les grandes villes algériennes. Une idée qui semble séduire l'ensemble des Algériens. Pourtant, combien sont-ils aujourd'hui à se souvenir que le tramway avait bel et bien circulé dans leurs villes. Il y a un peu plus d'un siècle, Alger avait son tramway. Sa première mise en service remonte à 1892. Sa suppression, selon les archives françaises, est intervenue avant le 26 janvier 1960, probablement en décembre 1959. L'Algérie étant alors partie intégrante de la France, le réseau des tramways algérois est une conception, pour le moins que l'on puisse dire, exceptionnelle. Alger a comporté trois réseaux distincts : les CFRA, les TMS et les TA. Ces trois compagnies avaient des secteurs de dessertes bien définis et il y avait peu de jonction entre les lignes. En revanche, les normes techniques des trois compagnies étaient identiques : courant sous 600 volts et écartement de 1,055 m. Les premiers tramways étaient mis en service par les CFRA (Chemins de fer sur route de l'Algérie), en 1892. Ils avaient à la fois une vocation urbaine et vicinale. Concurremment, les TMS (Tramways et messageries du Sahel), introduisaient vers la même époque, une ligne desservant la crête d'El Bihar. Enfin, les TA (Tramways algériens) exploitaient plusieurs services urbains, dont une ligne qui sera l'artère maîtresse du réseau algérois. Après l'électrification des trois réseaux, le trolleybus était introduit dès 1938 pour remplacer des tramways sur la ligne d'El Biar, qui comportait de sévères rampes. Progressivement, le trolleybus les remplaça les tramways des lignes des TA ayant de fortes déclivités. En revanche, les tramways étaient conservés sur les lignes longeant le port d'Alger (CFRA) et sur l'artère maîtresse des TA au centre-ville. Les CFRA exploitaient leurs lignes à l'aide de trains réversibles à grande capacité composés de deux motrices encadrant une remorque. La réalisation la plus remarquable porte sur la modernisation de la ligne des TA : en 1934, la compagnie passait commande à la Satramo (Société anonyme du tramway moderne) du prototype d'une motrice moderne articulée, longue de vingt mètres et montée sur une suspension nettement améliorée par rapport aux matériels précédents. Cette voiture pouvait transporter 150 personnes et comportait des portes à fermeture automatique avec marchepieds rabattables. Devant le succès de ce matériel, 25 voitures étaient commandées et mises en service en 1937. Ce sera le matériel français le plus moderne, jusqu'en 1950, dont même la capitale française ne disposait pas. Néanmoins, après 1945, la circulation devint dense dans Alger. En 1957, les tramways des CFRA avaient disparu. La dernière ligne, équipée de motrices Satramo, ne tardera pas elle aussi à connaître un sort funeste : malgré un bon état général, les tramways sont partiellement remplacés par des autobus le 12 septembre 1959. Le reste des lignes exploitées sont définitivement supprimées peu avant le 24 décembre 1959. Ainsi disparaissaient les seules motrices articulées françaises et le fleuron d'un des meilleurs réseaux de tramways de la France coloniale.