Une journée pour hisser la femme sur le podium et pour reconnaître tous ses mérites. Hommages, fleurs, cadeaux, les hommes ne savent pas comment faire plaisir à cette autre moitié de la société et estiment qu'ils n'en font pas assez. Mère, épouse, sœur, fille, on la glorifie ce jour pour tout ce qu'elle fait et pour ce qu'elle est. On n'est jamais assez reconnaissant de tous ses efforts, de tous ses sacrifices. Ce jour, elle est l'égale de l'homme et même plus. Il lui doit beaucoup et, sans elle, il ne serait pas ce qu'il est. Il le dit fièrement, sans gêne. Puis, les choses reprennent leur cours. L'homme se débarrasse très vite de son cérémonial d'un jour et redevient lui-même. La femme est battue, violentée, agressée. Pendant 364 jours, elle n'en fait pas assez. Il le soutient mordicus. Elle n'est pas attentive à ses besoins, ne s'occupe pas suffisamment de son foyer. Les tâches domestiques lui incombent alors qu'ils rentrent tous les deux de leur travail ? Et alors ? C'est lui l'homme, elle doit prendre soin de lui et être à son écoute. C'est légitime. Pendant 364 jours, personne ne pourra lui faire admettre qu'il n'est pas du devoir de sa moitié de se dévouer entièrement pour lui. Personne ne pourra lui faire croire, 364 jours durant, qu'elle ne doit pas être battue, qu'elle doit être respectée. Dans le domaine du travail, on attend beaucoup plus d'elle que de son collègue. Elle doit constamment faire ses preuves et montrer ses aptitudes à accomplir convenablement les tâches qui lui sont confiées. Rien d'autre ne doit occuper son esprit, pas même ses enfants. Tout ce qui peut être considéré comme un frein à son activité n'est pas pris en compte. Sinon, comment expliquer l'absence de crèches publiques et la contrainte que constituent les prix exorbitants pratiqués par les quelques infrastructures de ce genre érigées à titre privé. Quant aux entreprises, elles ne s'en soucient pas alors que l'investissement dans ce créneau pourrait s'avérer très profitable. Seule l'obligation de résultat importe. L'esprit préoccupé par la maladie d'un enfant ou par les mauvais résultats d'un autre, la femme doit être efficace et ne pas faire de ratage. Au volant, on la dépasse et on la vilipende copieusement. C'est parce qu'elle conduit mal que la file que l'on suit n'avance pas et, lorsqu'elle est un as du volant, on tente l'intimidation. En un mot, pour l'homme, la femme est la cause de tous les maux. Excepté le 8 mars où il la met sur un piédestal. Mais ne gâchons pas le plaisir. Bonne fête et à l'année prochaine ! Demain est un autre jour. R. M.