Chaque ann?e, ? pareille date, la femme est ? l?honneur. Cette fois-ci, la Police a lanc? la 1?re promotion d?agents f?minins anti?meutes. Chaque responsable, du plus grand au plus petit, apportera sa touche personnelle. On glorifie cette femme qui est m?re, ?pouse, et fille, tout ? la fois. On la drape des plus fines ?toffes et on lui d?couvre des vertus qui ne lui vaudront qu?une demi-journ?e et un bon d?achat dans le magasin du coin, dans le meilleur des cas. On fait semblant d?oublier que cette m?me fille a ?t? contrainte qui de tuer son b?b? ill?gitime qui de l?abandonner, parce qu?un homme a failli ? son devoir. R?cemment, encore, la presse s?est fait l??cho d?une enfant de quatre ans qui a fait l?objet de s?vices de la part d?un d?traqu? sexuel et qui n?a ??cop?? que de cinq ann?es de prison alors que la r?clusion ? perp?tuit? n?aurait surpris personne. Il ne s?agit, certes, que d?une enfant. Le fait est que le criminel qui s?est attaqu? ? une enfant risque de se retrouver libre, la gr?ce aidant, dans deux ans. L?enfant deviendra une femme. Le 8 mars de sa majorit?, ou plus tard, elle ne comprendra pas les discours que tiendront les responsables, ce jour-l?. Parce qu?elle sera, peut-?tre, elle-m?me en prison parce qu?elle aura subi des s?vices sexuels qui lui auront laiss? un cadeau empoisonn?: un b?b? dont il lui faudra se d?barrasser, pour ne pas ?tre la femme par qui le scandale arrive. Le scandale est d?j? arriv?. Le b?b? n?en est que la cons?quence. La femme que nous honorons aujourd?hui doit ?tre prot?g?e, enfant. Pour qu?elle puisse ?tre ?quilibr?e et b?n?ficier de cette promotion des droits politiques que la r?vision de la Constitution lui garantit. Une femme, cadre sup?rieur dans une importante soci?t? ?tatique, a fait l?objet d?un harc?lement sexuel de la part de son directeur. Saisie, la justice a reconnu la culpabilit? de ce dernier. Des pressions venant des plus hauts responsables de l?entreprise furent exerc?es pour qu?elle retire sa plainte en contrepartie d?un maintien dans son poste. Une fois les poursuites ?teintes, la machine s?est remise en marche et la femme fut ?cart?e. Elle eut ces mots, par ?crit ?pour la post?rit?- ? son chef le plus haut grad?: ?Ce qui m?arrive expose tout le personnel f?minin de l?entreprise aux harc?lements. Ce qui est plus grave est le fait que mon histoire incitera mes coll?gues femmes ? se taire et accepter d??tre un objet, pour ?viter que leur soit r?serv? le m?me traitement qui m?est appliqu?. Car si le cadre sup?rieur que je suis n?a pas ?t? ?cout?, que dire d?une femme de m?nage divorc?e ou d?une secr?taire qui a le malheur d??tre belle?? Le plus grave dans cette affaire est que l?instance supr?me charg?e de la d?fendre n?a m?me pas lev? le petit doigt. Dire que le harc?lement est un d?lit! La mani?re dont est c?l?br? le 8 mars fait, malheureusement, de la femme une mineure, une assist?e et, dans le meilleur des cas, une belle poup?e qui gonflera des rues d?j? bond?es. Bref; tout, sauf une femme responsable qui pourrait devenir, un jour, wali; ministre ; Premier ministre ou Pr?sidente. Non parce que les autres 364 jours, elle redevient la femme qu?elle doit ?tre dans une soci?t? comme la n?tre, mais parce qu?en cherchant ? ?galiser le poids du 8 mars et celui du reste de l?ann?e, la femme a compris qu?elle n?est qu?un enjeu de circonstance. Comme pour les autres journ?es internationales qu?on f?te un jour et dont on se souvient plus le lendemain.