Un autre 8 mars revient pour rappeler à la société, à l'Etat, et à toutes les institutions que près de 50% du peuple ne sont pas citoyens à part entière et continuent à négocier leurs droits, leur citoyenneté, leur statut d'être humains qui jouent pourtant leur rôle, sinon mieux, du moins autant que les hommes. Manifestement, l'Etat et ses institutions traitent la question de la femme au rythme de l'évolution d'une société qui fait un pas en avant et deux en arrière. En termes de mentalité, l'Algérie des années soixante et soixante-dix semble être plus avancée que celle d'aujourd'hui, car l'Etat n'a pas assumé ses responsabilité pour honorer les engagements de Novembre 1954 en instaurant un système social égalitaire en droits et en devoirs entre les hommes et les femmes. Ces femmes ont donné le meilleur d'elles-mêmes pour que vive l'Algérie libre et indépendante. Pendant la résistance au colonialisme et pendant la guerre de libération nationale, ni la charia ni les mentalités rétrogrades n'ont été invoquées pour que les femmes ne montent pas au maquis, pour qu'elles ne soient pas incorporées dans le corps des fidaiyine. Quand la femme occupait les champs pendant les labours, supportant le froid et la faim, pendant les semailles, supportant la canicule et la soif, ni la charia ni les mentalités rétrogrades n'ont gêné les hommes. Aujourd'hui que le monde est à l'ère de la cybernétique, on invoque des exégèses et une jurisprudence qui remontent à au moins huit siècles pour cloîtrer la femme ou entre quatre murs ou sous un voile qu'il soit haïk, m'laya ou hidjab. Au lieu d'opter résolument pour un système politique axé sur la modernité et le progrès social, l'Etat a opté pour l'hésitation avant de s'allier avec le courant obscurantiste, affaiblissant ainsi une gauche disparate qui gênait ses objectifs économiques libéraux des années quatre-vingt. Les pouvoirs publics sont appelés à mener une politique volontariste en faveur des droits de la femme afin qu'elle puisse exercer pleinement sa citoyenneté et mettre un terme à ce paradoxe insensé qui fait que la femme peut être juge et rendre des verdicts mais ne peut témoigner seule ni être tutrice de son propre avenir. Même les partis qui se revendiquent de la démocratie et du progrès ne font rien pour permettre à la femme d'occuper le haut du pavé et d'être un leader politique en leur sein. Fallait-il que la Constitution institutionnalise les droits politiques de la femme pour forcer la main aux partis et aux institutions officielles où les femmes ne font que de la figuration. Car il ne s'agit pas d'une promotion pour mettre en évidence la féminité de la femme, tout comme la promotion de l'homme ne repose pas sur sa masculinité. Il s'agit surtout de reconnaître les compétences de l'une et de l'autre et de les mettre en évidence aussi bien dans les domaines professionnels que dans le domaine politique et les espaces institutionnels. A. G.