Photo : Archives Par Smaïl Boughazi L'ouverture du marché en Algérie ne s'est pas faite sans l'émergence et l'apparition de nouvelles formes d'activité et de production. Si les grands projets structurant et d'envergure dans tous les secteurs étaient et sont, actuellement, la chasse gardée des grandes entreprises et des multinationales, les petites et moyennes entreprises n'ont que le choix de s'orienter vers d'autres formes d'activité afin d'optimiser leur rendement et, par ricochet, démarrer et intégrer le tissu industriel. Si la sous-traitance est considérée par nombre de spécialistes comme l'environnement naturel où peuvent vivre ces PME, l'externalisation, une autre forme d'activité, n'est pas exclue du tableau. Ces deux termes, la sous-traitance et l'externalisation, désignent l'opération par laquelle une entreprise confie à une autre tout ou une partie de l'exécution du contrat d'entreprise ou du marché public conclu avec son donneur d'ordre. Explicitement, la sous-traitance est un contrat par lequel une entreprise dite «mutuelle» demande à une autre entreprise dite «assujettie» de réaliser une partie de sa production ou des composants nécessaires à sa production. Pour ce qui concerne l'externalisation, ce phénomène consiste, pour l'entreprise mère, à se concentrer sur son activité principale ou le cœur de métier qu'elle maîtrise parfaitement et, à faire réaliser par des intervenants extérieurs (autres entreprises, cabinets spécialisés, etc.) des travaux ou des ouvrages qui font partie des activités secondaires selon des normes et des spécifications qu'elle a choisies, et dont la bonne conduite des opérations est sous la responsabilité de ces intervenants. En Algérie, même si le terme définit clairement le rôle que peuvent jouer les PME dans la promotion de ce mode d'activité, il est néanmoins primordial de s'interroger sur le niveau qu'elle a atteint au sein des entreprises. La sous-traitance a certainement des bienfaits que personne ne peut nier. Ce moyen contribue, en clair, à réduire les coûts, à augmenter la cadence des réalisations ; permet une spécialisation pointue et, en même temps, facilite la réalisation des projets. Même si elle a été longtemps ignorée ou oubliée, la sous-traitance a, ces dernières années, consenti des progrès. Le recours à cette solution pourrait, à coup sûr, être l'élément déclencheur du développement des PME, véritables piliers de toutes les économies. En fait, les PME peuvent trouver en ce mode d'activité tous les ingrédients qui les stimuleront et rehausseront leur rendement. C'est une évidence, mais il reste à s'interroger sur celui qui pourrait réguler ces activités et les mettre aux normes en vigueur. Quelque 400 000 PME activent en Algérie avec une prédominance des très petites entreprises du secteur privé, recensées cette année par les pouvoirs publics. Cette population nécessite un cadrage bien précis afin de créer une synergie et l'environnement adéquat. Ce nombre considérable de PME est l'un des facteurs qui peuvent propulser la culture de la sous-traitance et faire en sorte que la spécialisation reste une condition sine qua non pour tout projet en chantier. Ainsi, chaque entreprise pourrait intervenir efficacement dans son champ d'action. Le lancement de plusieurs projets d'envergure en Algérie a permis d'augmenter, selon les spécialistes, les parts de marché de la sous-traitance, même si les statistiques inhérentes à ce sujet ne sont pas connues. Le cadrage de ce phénomène existe bel et bien. Les pouvoirs publics, pour remettre les choses à leur place, ont mis sur pied, depuis 2003, un conseil national pour la sous-traitance, et ce, en vertu du décret exécutif n°03-188 du 22 avril 2003 portant composition, organisation et fonctionnement du Conseil national chargé de la promotion de la sous-traitance. Les missions fondamentales dudit conseil sont, entre autres, la proposition de toute mesure destinée à réaliser une meilleure intégration de l'économie nationale, favoriser l'insertion des PME dans le courant mondial de la sous-traitance, la promotion des opérations de partenariat avec les grands donneurs d'ordre tant nationaux qu'étrangers et la coordination des activités des Bourses algériennes de sous-traitance et de partenariat. A leur tête, la Bourse algérienne de sous-traitance et de partenariat (BASTP), mise en place par le ministère de la PME. Cette dernière est aussi l'un des acteurs incontournables pouvant donner un nouveau souffle à la sous-traitance. C'est un organisme qui a vu le jour en 1992 pour cadrer et même rassembler toutes les données ayant trait à ce sujet. Cette association professionnelle, créée en 1992, avec l'appui des pouvoirs publics, conformément aux directives du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) s'est donné la tâche de ressembler toutes les informations en relation avec la sous-traitance, devenant ainsi «un centre d'information de technique industrielle et de promotion de la sous-traitance inter-entreprises visant l'utilisation optimale [la plus complète et la plus rationnelle possible] des capacités existantes ou à créer». Elle apparaît non seulement comme le point de rencontre et l'instrument de régulation entre l'offre et la demande de travaux de sous-traitance industrielle, mais aussi comme un instrument d'assistance aux partenaires en présence et particulièrement les PMI sous-traitantes. Trois autres Bourses de sous-traitance régionales activent au niveau de la région Est depuis 1993, à l'Ouest depuis 1997 et dans le Sud en 1998. A signaler que cette 3ème édition du Salon de l'externalisation en Algérie (SEA) se déroulera du 17 au 18 novembre prochain à Alger. Cette manifestation de portée indéniable pour les PME sera aussi, selon les organisateurs, un rendez-vous important pour les entreprises désirant évaluer et mettre à jour leurs méthodes de travail.