La crise alimentaire est le sujet central qui occupe et préoccupe le monde actuellement. Tous les acteurs se mobilisent pour trouver une réponse à cette crise qui touche de plein fouet tous les pays, résultat notamment de la hausse des prix des matières premières agricoles. Si dans les pays développés, la crise a eu des répercussions sur le pouvoir d'achat des classes les plus démunies, elle est à l'origine des émeutes de la faim dans les pays en voie de développement. L'Algérie, qui a connu des émeutes, mais pas de la faim, n'est pas épargnée par la crise alimentaire qui se caractérise par la hausse des prix des produits de première nécessité et la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens. Classée parmi les dix grands pays importateurs de céréales, l'Algérie consacre une enveloppe financière de 5 milliards de dollars à l'importation de produits alimentaires. Durant les quatre premiers mois de l'année en cours, l'Algérie a dépensé 2,5 milliards de dollars aux importations, dont les plus fortes concernent surtout les céréales et la poudre de lait. En effet, au lieu d'importer des vaches laitières, l'Algérie continue d'importer de la poudre de lait. Pis, le pays importe presque tous les produits et n'exporte que des hydrocarbures. Cette situation est le résultat de l'absence d'une stratégie de développement. En l'absence d'une vision économique claire et d'un plan de développement des secteurs stratégiques, qui devraient assurer la sécurité alimentaire du pays, le gouvernement préfère la gestion au jour le jour des affaires économiques. Aujourd'hui, l'Etat doit réfléchir sérieusement à une stratégie de développement du secteur de l'industrie agroalimentaire et de l'agriculture. Le pays possède tous les moyens de son développement et les instruments de sa réussite. Sur le terrain, la réalité est tout autre. En dépit de l'aisance financière et des réserves de changes qui dépassent 100 milliards de dollars, l'Algérie n'arrive pas à se relever de la crise qui la secoue. Les autorités «préfèrent» gérer la crise au lieu de la résoudre, puisqu'elles se contentent d'adopter des mesures visant à reporter des situations parfois incontrôlables. Pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, l'Etat subventionne les prix de quelques produits de première nécessité : lait, blé, pain… Si la subvention de ces produits relève d'une des missions de l'Etat, pour soutenir les couches sociales les plus vulnérables, une telle mesure, à elle seule, ne suffit pas pour éradiquer la crise. L'urgence aujourd'hui est d'investir dans la production. Sachant que le développement d'un pays passe nécessairement par l'essor du secteur agricole, l'Algérie est appelée à développer son agriculture. Le pays ne manque ni de moyens financiers ni de terres agricoles, encore moins de techniciens et d'experts dans le domaine. Qu'est-ce qui empêche de développer l'agriculture au Sahara quand on apprend, par la voix du ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, que le potentiel des eaux souterraines partagées entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye couvre une superficie d'environ un million de km2, et dont la majeure partie, soit 700 000 km2, se trouve sur le territoire algérien ? La mise en avant du phénomène de la sécheresse ne sert finalement qu'à justifier l'échec, voire l'absence d'une politique agricole cohérente en Algérie. Aujourd'hui, le pays est condamné à choisir entre deux options stratégiques divergentes : la production ou la subvention. C. B.