Photo : Sahel Par Badiaa Amarni La deuxième journée du colloque international sur «la gouvernance des institutions et l'intelligence économique», dont les travaux ont été poursuivis en ateliers, a été rehaussée par la présentation en plénière d'une communication par le président-directeur général de Cevital, M. Issad Rebrab. Le patron de Cevital, dans un entretien à l'issue de sa conférence, nous a expliqué que «l'intelligence économique est un nouveau concept au niveau mondial. Il est d'actualité dans les pays développés et aujourd'hui dans les pays en voie de développement. Il permet à des pays qui l'ont bien compris de bien avancer par rapport à d'autres». En Algérie, toute entreprise qui réussit ou qui a réussi fait de l'intelligence économique sans exception. Il fut un temps, «on faisait de l'intelligence économique sans nous en apercevoir. Mais, aujourd'hui, des experts ont bien défini ce concept et l'ont introduit au niveau des entreprises». Interrogé pour savoir si Cevital compte mettre en place un département dédié à l'intelligence économique, notre interlocuteur dira que son entreprise fait de l'intelligence économique depuis sa création. Pour lui, «avoir une veille stratégique, être à l'écoute du marché, prendre en considération la ressource humaine, qui est la véritable richesse de l'entreprise, investir dans la dernière technologie, faire un choix stratégique au niveau de la logistique, choisir d'investir dans des projets à forte valeur ajoutée et avoir une transparence financière, c'est ce qu'on appelle l'ère de l'intelligence économique qui permet aux entreprises de se développer et d'être concurrentielles sur le marché international». Le P-DG de Cevital dira que «l'entreprise qui n'applique pas les concepts de l'intelligence économique ne pourra pas avancer, surtout dans un monde très concurrentiel. Il est certain que l'intelligence, c'est celle qui développe le plus un pays et dans la durabilité. Donc, c'est l'économie durable et des emplois durables». Sur la fuite des cerveaux, M. Rebrab reconnaît que c'est une saignée très importante pour un pays. Car «former un cadre supérieur et surtout les cerveaux qui sont aujourd'hui recherchés à travers le monde coûte énormément d'argent à l'Etat. Il ne faut pas perdre de vue que, réellement, la meilleure richesse d'une nation, c'est ses cerveaux». D'où la nécessité, pour lui, «de créer un climat social qui permettrait de garder les cerveaux, de leur donner plus d'importance afin de les attirer et de les inciter à rester dans le pays. Il faut aussi cultiver le nationalisme économique pour que ces gens restent». Le P-DG de Cevital souligne : «Si nos cerveaux sont bien payés, sont respectés et ont un cadre de vie agréable pour eux et leurs enfants dans le pays, ils resteront. Mais si, malheureusement, ils ne trouvent pas un climat adéquat pour le développement de leurs connaissances, pour le développement de leur progéniture, ils choisiront de partir.» Et de rappeler : «Combien de cerveaux l'Algérie a perdus à cause seulement de leurs enfants auxquels on a interdit d'aller dans des écoles françaises, par exemple, préférant aller sous d'autres cieux où ils peuvent éduquer correctement leurs enfants». Je pense qu'aujourd'hui on a compris qu'il est extrêmement important pour un pays d'aller vers des langues universelles et du savoir. Car, quel que soit le développement d'un pays, il ne pourra se développer davantage sans les langues universelles. En somme, Rebrab plaide pour une meilleure prise en charge de la ressource humaine qui peut, à elle seule, tirer la nation vers le haut. B. A. Alain Juillet, chargé de l'intelligence économique au Premier ministère français : «Beaucoup de choses à découvrir sur le potentiel de cette discipline» «L'intelligence économique est considérée dans les principaux pays du monde comme le meilleur concept et outil existant pour identifier les réponses à la mondialisation des marchés et des échanges puis les mettre en œuvre avec succès.» C'est ce qu'a indiqué M. Alain juillet, haut responsable chargé de l'intelligence économique auprès du Premier ministère français, au colloque international qu'organise sur ce thème l'Université de la formation continue (UFC). Le principe, selon lui, «c'est de rassembler à travers un réseau, dans un cadre préalablement, toutes les données utiles pour une analyse centralisée puis diffusée dans le but de fournir aux dirigeants des entreprises et des acteurs économiques des solutions gagnantes». M. Juillet explique que «ceci demande un contrôle et une gestion des sources d'informations ainsi que la compréhension des contenus pour optimiser l'action stratégique et permettre une bonne gouvernance». L'intelligence économique, selon la définition française, «consiste en la maîtrise et la protection de l'information stratégique utile pour tous les décideurs économiques. La définition de l'Etat français consiste à développer un mode de gouvernance s'appuyant sur la recherche, le contrôle et l'utilisation de l'information stratégique utile. Sa finalité est la compétitivité, la sécurité et la pérennité de l'économie nationale et des entreprises sensibles», dira-t-il. Pour lui, 95% des informations existantes peuvent être trouvées à travers des sources ouvertes humaines ou techniques. «La maîtrise requiert le contrôle de l'ensemble du processus d'acquisition, de traitement et de diffusion de l'information existante et disponible.» Enfin, cet expert de haut niveau dira que l'intelligence économique jouera pour les 50 prochaines années le rôle joué par le marketing durant les 50 dernières années. Pour lui, «il y a encore plein de choses à découvrir sur le potentiel de cette discipline en interne et en externe car elle est en pleine évolution. D'autres voies vont s'ouvrir car le concept s'applique à de nombreuses activités».