Dans le cadre de la stratégie industrielle lancée par le gouvernement, l'agroalimentaire est considéré parmi les filières à promouvoir aux côtés d'autres filières, à l'image de la pétrochimie, des matériaux de construction, des industries électronique, pharmaceutique, alimentaire, mécanique et automobile. Les concepteurs de cette stratégie l'ont souligné à maintes reprises. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, l'a même rappelé hier lors d'une conférence débat organisée à Alger par l'association des femmes algériennes chefs d'entreprise (SEVE). Or, jusque-là, les efforts consentis pour la promotion du secteur agroalimentaire sont limités de l'avis même des opérateurs économiques intervenant dans ce créneau. Ces opérateurs évoquent en effet de nombreuses difficultés, celles liées aux entraves bancaires, à la promotion de la production et à la concurrence déloyale des produits importés frauduleusement. Même pour l'exportation, les mesures incitatives annoncées par l'Etat ne donnent pas de résultats. «On parle de l'importance de la filière agroalimentaire et de la nécessité de la promouvoir dans le cadre de la stratégie industrielle. Mais, en parallèle, nous faisons face à d'énormes blocages», confie un industriel spécialisé dans la biscuiterie et basé aux Issers, avant d'ajouter : «Le transport de nos exportations est théoriquement pris en charge par l'Etat dans le cadre de la promotion des exportations hors hydrocarbures, mais nous ne voyons rien venir.» En dépit de cette situation, le secteur agroalimentaire poursuit son essor en Algérie. De nouvelles marques ont vu le jour ces dernières années avec la prédominance du privé. Lequel occupe de plus en plus la scène de l'industrie agroalimentaire. D'ailleurs, selon les chiffres du département de Abdelhamid Temmar, 80% des entreprises agroalimentaires relèvent du privé et ont connu une croissance rapide en l'espace de quelques années. Toutefois, ce privé ne cesse de subir les conséquences de la flambée des prix des matières premières sur le marché international. La crise alimentaire qui secoue le monde n'est pas en effet sans déteindre sur ce secteur qui fonctionne avec des matières premières importées. On se rappelle d'ailleurs de la crise du lait en 2007 qui a engendré la fermeture de nombreuses laiteries devenues déficitaires au fil des jours. Finalement, la pérennité est loin d'être assurée en dépit des potentialités. Il y a donc lieu aujourd'hui de mettre en place la stratégie annoncée pour pérenniser la croissance du secteur agroalimentaire. S. I.