Photo : APS Par Youcef Salami Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et la Chambre d'agriculture vont signer aujourd'hui un accord de coopération, le premier du genre. En vertu de cet accord, les deux partenaires vont travailler à des projets aussi divers qu'importants : la formation, l'information, le développement de filières… L'accord est présenté comme primordial. Il sera signé en présence du chef du gouvernement. Il a été annoncé hier à l'ouverture, à l'hôtel El Aurassi, d'une conférence sur la «sécurité alimentaire» organisée par le FCE et la Chambre d'agriculture, deux structures qui veulent instaurer une coopération fructueuse entre industriels et agriculteurs. Dans une intervention qu'il a faite à l'occasion de cette rencontre, Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, en a livré sommairement le contenu. L'idée est de réfléchir ensemble pour tenter de proposer des solutions de nature à aider à construire un partenariat incontournable entre l'agriculture et l'industrie, a-t-il dit. Mais, comment faut-il y procéder ? Pour lui, il s'agit aujourd'hui de faire un état des lieux, filière par filière, d'évaluer le potentiel de production agricole et agro-industriel, d'examiner les aspects de régulation. C'est cette démarche qui, de son point de vue, va nous permettre de donner un sens concret à la sécurité alimentaire. Reda Hamiani note qu'il est patent que le potentiel de développement d'un partenariat harmonieux entre l'agriculture et l'industrie n'a pas été exploité avec succès par le pays. Des conséquences en découlent. La facture alimentaire à l'importation a presque doublé en l'espace de cinq ans, passant de 2,6 milliards de dollars en 2003 à près de cinq milliards en 2007. Et ce n'est pas tout, les dysfonctionnements dont souffre le secteur de l'agroalimentaire font que nous importons de plus en plus de concentré de tomate, que des capacités excédentaires sont mises en place pour la trituration des céréales, que la production de lait cru, qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008, ne trouve pas de réseaux de collecte organisés, entre autres, schématise le président du FCE. En Algérie, l'agroalimentaire est, aujourd'hui, une industrie à dominance privée. 41% de la valeur ajoutée en est issue. Toutes branches confondues, le privé compte pour 80% dans l'agro-industrielle. Encore que la situation des entreprises publiques opérant dans ce secteur a été quelque peu toilettée. Il y a quelques années, 70% des filières publiques n'accaparaient que 1% du marché. L'agro-industriel public a été ouvert à la concurrence au début des années quatre-vingt-dix. Il l'a été dans une conjoncture difficile, caractérisée par une distorsion sur le marché. Le secteur n'a pas réussi à s'y adapter. Que faire dans pareille situation ? Les gestionnaires des entreprises publiques agroalimentaires se débrouillaient comme ils le pouvaient, négociaient la survie des sociétés dont ils avaient la charge non sans contorsion. Pendant ce temps, le privé, versé en partie dans l'importation, s'étendait et s'étend encore sur un marché en expansion. Dans le secteur public, des pans entiers se sont écroulés. Des projets de partenariat entre privés et publics ont réussi, d'autres ont tourné court. Le cas de l'Enasucre est l'exemple parfait de ce qui a mal fonctionné en matière de partenariat entre secteur privé national et secteur public. L'Enasucre, une société au mieux de sa forme à la fin des années quatre-vingt, est en difficulté aujourd'hui. Elle était liée par un contrat de processing avec le groupe Blanky, une association qui n'a pas été réellement porteuse de progrès notables. Pourtant, Blanky demeure, avec Cevital, un des plus performants groupes privés en Algérie. Il a des ramifications dans le bâtiment, mais aussi dans le médicament et la grande distribution.