Danger n Mourir au bout de cinq années d'activités, d'une silicose aiguë, est le risque que prennent chaque jour des centaines (le chiffre exact n'existe pas) de tailleurs de pierres de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette révélation alarmante a été faite, hier, par un médecin, à l'occasion des journées nationales sur la pneumo-phtisiologie organisées par le CHU Nedir-Mohamed. Selon le même intervenant, si on connaît la silicose qui touche au bout de 20 ans, les anciens émigrés qui ont travaillé dans des mines de charbon ou dans des fonderies, la silicose aiguë n'est connue que dans trois pays qui sont le Mexique, le Brésil et la Thaïlande. L'Algérie est le 4e pays concerné par cette pathologie qui apparaît après 6 mois d'activité, lorsque la personne n'utilise aucun moyen de protection contre les poussières qui se dégagent de la pierre sciée à la tronçonneuse. Or, dans la wilaya de Tizi Ouzou, cette activité, très lucrative, pratiquée principalement dans deux régions à savoir Makouda (le site de Tala Bouzrous) et Azazga / Bouzguène n'est pas réglementée et exercé par de jeunes chômeurs qui ne sont même pas déclarés à la sécurité sociale. Seulement 39% d'entre eux le sont. Une étude des dossiers des malades atteints de silicose, pris en charge au niveau du CHU de Tizi Ouzou ne fait que confirmer la dangerosité de la situation à laquelle s'expose les tailleurs de pierres. L'étude a été effectuée par les Dr Ihadadjene, Djegali, Keddou, Kabli et le Pr Messadi, sur la période 2004/2008 et où un décès a été enregistré. Si la moitié des malades (signalons que tous les patients sont de sexe masculin) sont âgés de plus de 65 ans, plus d'un tiers ont moins de 40 ans et sont pour la plupart des tailleurs de pierres. La maladie prédomine en zone rurale (les cas sont issus des localités de Makouda et d'Azazga), avec une fréquence de 72%. Pour ladite activité par rapport aux autres travaux de (bâtiments, fonderie, industrie du verre, mines…). Dans leur conclusion, les réalisateurs de l'étude tirent la sonnette d'alarme et soulignent l'importance de la prévention pour éviter la maladie : du dépistage et du suivi médical régulier des travailleurs exposés, et recommandent des mesures de protections appropriés et obligatoires. Selon eux, «une étude épidémiologique à l'échelle de la wilaya est nécessaire pour évaluer l'ampleur réelle du problème et prendre les mesures qui s'imposent, notamment pour sensibiliser les jeunes qui ne réalisent pas les dangers encourus». Il s'agit d'un problème de santé publique, une maladie mortelle qui menace nos jeunes et les autorités compétentes sont interpellées pour stopper ce massacre à la tronçonneuse. Qu'est-ce que la silicose ? l La silicose est une maladie pulmonaire incurable et irréversible provoquée par l'inhalation de poussières contenant de la silice cristalline libre. La symptomatologie est banale et simple et les complications nombreuses (tuberculose, pneumothorax, insuffisance respiratoire…). La maladie n'est souvent découverte qu'à l'occasion d'une complication et la majorité des malades sont déjà au stade d'insuffisance respiratoire chronique. La maladie par les chiffres l Sur 3 937 malades, 18 sont atteints de silicose. 3 cas sont enregistrés en 2004, 4 en 2005, 1 en 2006, 4 en 2007 et 6 en 2008. Les moins de 40 ans représentent 28%. Par zone, le taux est de 89% en milieu rural et de 11% pour celui urbain. Par secteur d'activité, sur les 18 malades, 13 sont des tailleurs de pierre (57%), 6 travaillent dans le secteur du bâtiment (22%), 3 dans les mines (13 %), 1 dans l'industrie de la faïence (4%) et 1 autre dans la fonderie (4%). Les médecins ont tenu à souligner que ces chiffres sont loin de refléter la réalité du terrain.