Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi C'est la Société de gestion des participations de l'Etat Proda qui pilotera l'opération de régulation du marché algérien de la viande. Ce nouveau dispositif entrera en vigueur en mai prochain. Pourquoi cette échéance ? «C'est en mai que les gros éleveurs de moutons doivent se décider de vendre leurs agneaux ou de les garder. Dans le cas de la première hypothèse, la Proda sera là pour prendre attache avec les éleveurs et leur proposer une offre d'achat», a expliqué le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors d'une conférence de presse organisée hier en marge de la réunion des cadres de son secteur. Il expliquera que la SGP Proda, en plus de se proposer d'acheter des agneaux, mettra à la disposition des éleveurs des «tunnels de congélation» où ils pourront stocker les carcasses de moutons abattus dans l'attente de leur vente. Ces deux offres de service vont libérer les éleveurs ovins du spectre d'une chute des cours ou de l'emprise des spéculateurs qui ont de tout temps imposé leur diktat sur le marché de la viande ovine : achetant au plus bas prix et vendant aux bouchers détaillants à des tarifs exorbitants, lésant ainsi aussi bien les éleveurs que les consommateurs. Le système de régulation qu'introduira la SGP Proda permettra donc de mettre en vente sur le marché un nombre important de moutons, engraissés dans les espaces d'élevage de la Proda, chaque fois que les prix sur pied ou sur les étals des bouchers grimperont.Cette démarche est à tous points identique à celle opérée l'été dernier pour la pomme de terre avec le Système de régulation des produits alimentaires à large consommation (Syrpalac), lequel a, rappelons-le, sauvé des centaines de producteurs de pomme de terre de la faillite suite à des récoltes de tubercules record qui ont eu pour conséquence un effondrement des cours. L'Etat a acheté la production des agriculteurs au prix référentiel de 25 DA le kilogramme leur assurant ainsi un gain et non des pertes financières. Après avoir constaté l'impact positif du Syrpalac, la tutelle avait décidé à l'époque de l'étendre à d'autres produits connaissant des tensions conjoncturelles. Le marché national de la viande rouge est en voie d'être régulé une fois pour toute. L'opération pourrait peut-être servir de mesure pour, dans un second temps, un élargissement au marché de la viande blanche, la filière avicole étant elle aussi sous l'emprise de la spéculation.Une seule inconnue demeure pour l'heure : il s'agira de savoir si, comme les producteurs de pomme de terre, les éleveurs ovins vont s'inscrire dans cette démarche. Apparemment tout dépendra de l'offre d'achat de l'agneau que leur proposera la Proda. Des prix intéressants ne pourront que fidéliser la clientèle de la SGP. Dans le cas contraire, les éleveurs continueront d'être soumis au diktat des maquignons, véritable baromètre et régulateur, «dérégulateur» devrions-nous écrire, du marché national à bétail. Il est évident que le consommateur appelle de tous ses vœux la réussite de ce système de régulation qui signerait la fin de l'emprise des spéculateurs et de la flambée des prix de la viande rouge.