Dans une conjoncture économique des plus difficiles, il est normal que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) joue la prudence. Elle ne veut pas que les cours du pétrole chutent davantage. L'organisation a mis en avant une palette d'arguments pour réaménager ses quotas de production à l'occasion de la conférence ordinaire (hier) à Vienne. Un des facteurs baissiers aujourd'hui: la demande mondiale de pétrole qui ne cesse de reculer. Les perspectives s'annoncent mauvaises. La demande pétrolière va drastiquement baisser en 2009, selon l'Agence internationale de l'énergie. La production devrait faire de même, en raison des baisses de production de l'OPEP. Dans son rapport mensuel, un document largement diffusé, il y a une dizaine de jours, l'Agence internationale de l'énergie a revu à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2009. En langage chiffré, celle-ci devrait passer de 84,7 à 84,4 millions de barils par jour en raison de la crise économique. C'est l'équivalent d'une diminution de 1,5%. L'offre mondiale de pétrole aurait, de son côté, déjà reculé à 83,9 millions de barils par jour durant le mois de février dernier, note l'agence, soit une baisse de 1 million de barils par jour sur le mois et de 3,4 millions sur un an. L'OPEP a, fin 2008, retiré du marché 4,2 millions de barils par jour dans l'objectif d'enrayer la dégringolade des cours du pétrole, une mesure appliquée par l'ensemble des pays membres, ou presque, et qui a relativement produit des effets positifs sur les marchés : les prix oscillent entre quarante et quarante-sept dollars. On est loin du compte pour l'OPEP. Mais pas pour l'AIE. Cette dernière estime que c'est une fourchette de prix raisonnable. L'organisation pétrolière souligne, elle, qu'à ce prix, il ne peut y avoir d'investissements retables dans le secteur des hydrocarbures. Dans sa lutte contre la chute des cours, l'OPEP a le soutien de la Russie, un acteur de taille sur les marchés pétroliers. Bien avant le début de la conférence ordinaire de l'OPEP à Vienne, Moscou a avancé qu'elle soutient les efforts de l'OPEP pour réduire les livraisons de pétrole sur le marché. Le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, l'a affirmé, lui qui a, d'ailleurs, participé à la réunion de Vienne. «Nous soutenons la baisse des livraisons sur le marché et la Russie participe à ce travail», a souligné Setchine, la veille de la rencontre, cité par des médias russes. Le «travail conjoint» de l'OPEP avec la Russie a déjà permis selon lui de «stabiliser» le prix du baril après sa forte chute depuis l'été dernier. «Nous estimons que les compagnies russes ont contribué à la stabilisation des prix, mais il faut continuer ce travail», a dit Setchine. «Nous ne voulons pas que les prix soient trop élevés et portent atteinte à l'économie, mais nous sommes naturellement opposés à une baisse de ces prix en dessous d'un seuil juste». L'effondrement des prix, qui avaient chuté jusqu'à 32,40 dollars le baril mi-décembre, avait fait trembler les pays pétroliers. La Russie est l'un des tout premiers producteurs mondiaux de pétrole, au coude-à-coude avec l'Arabie saoudite. Elle n'appartient pas à l'OPEP. Fin 2008, à la veille de sa conférence extraordinaire, à Oran, certains estimaient que Moscou voulait devenir membre. Il n'en est rien. Y. S.