L'Arabie saoudite, chef de file des pays exportateurs de pétrole structurés dans l'OPEP, est optimiste. Selon le roi Abdallah, dans un entretien au journal koweitien Esseyassa, le niveau actuel des cours de pétrole est «acceptable» et il n'y a pas de raison de relever les quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les prix de l'or noir fluctuent aujourd'hui autour de soixante-quinze dollars, un seuil dont s'accommode l'OPEP. Et c'est la raison pour laquelle elle a maintenu inchangé son volume de production à l'occasion de la conférence ministérielle qu'elle a tenue le 22 décembre dernier dans la capitale angolaise Luanda. Cependant, une question : cette reprise est-elle durable ? Ne risque-elle de s'effilocher dans une conjoncture économique difficile ? Elle est loin la période où le baril du brut valait cent quarante dollars du fait que la demande mondiale en pétrole excédait l'offre. En termes chiffrés, la production était de 84,64 millions de barils par jour tandis que la consommation était de 85, 7 millions par jour. Et le déficit allait s'aggraver davantage. Que s'était-il passé durant cette période de vaches grasses pour les pays producteurs, mais aussi pour les spéculateurs ? Le taux de croissance de l'exploration et de la production de pétrole brut était inférieur à celui de la consommation. Et cela contribuait à la montée en flèche du prix pétroliers. Les analystes du marché indiquaient que d'autres facteurs contribuant à l'augmentation des cours du brut comprenaient l'incertitude géopolitique, les désastres naturels, le changement des stocks de pétrole, notamment aux Etats-Unis. Toujours pendant cette période, des analystes estimaient que l'envolée des prix de l'or noir avait un impact sérieux sur l'économie, en ce sens qu'elle augmentait notamment le coût de la production d'électricité, ce qui faisait monter le coût de la manufacture. La hausse du prix du pétrole réduisait aussi la confiance des consommateurs et leurs dépenses. L'influence du prix élevé du pétrole était plus sérieuse pour les économies émergentes que pour les pays développés, beaucoup de pays avaient augmenté les prix des combustibles. Cette flambée avait mobilisé l'ensemble des pays consommateurs qui demandaient à l'OPEP de mettre plus de pétrole sur les marchés. Elle n'a été en fait que de courte durée, faisant place à de l'incertitude sur les marchés pétroliers. L'on s'en souvient, vers la fin 2008, les cours du brut avaient considérablement chuté. Et rien n'avait pu les arrêter. Pas même l'OPEP. Le léger américain, pour l'exemple, était tombé à… 34 dollars. Du jamais-vu depuis 2004. Une glissade dangereuse qui n'était pas sans rappeler la chute des prix constatée à la fin des années quatre-vingt dix. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole avait été mise à rude épreuve. Et c'était sa crédibilité qui était en jeu. La décision de réduction historique qu'elle avait prise à Oran n'avait pas fait réagir les marchés, augmenter les cours. Que des ratés ? Tout le monde s'attendait à ce que les cours se reprennent, à la suite de cette baisse sévère (4,2 millions de barils par jour avaient été retirés du marché). Il n'en était rien. Les marchés ne prenaient-ils pas au sérieux les réductions opérées par l'organisation pétrolière ? Cette question, nombre d'observateurs se la posaient. Une multitude de facteurs étaient en fait à l'origine de la déprime des marchés. Aux dires de beaucoup, les investisseurs anticipaient une détérioration de la demande mondiale d'or noir, alors que l'économie mondiale ralentissait dangereusement et ils doutaient de la discipline de l'OPEP en matière de respect des quotas de production. La discipline de l'OPEP, voilà le point focal, l'élément clé dont les analystes parlaient et parlent encore à foison. Cette question a été d'ailleurs abordée lors de la conférence ministérielle de l'organisation, le 22 décembre dernier, en Angola. Ce n'est un secret pour personne que des pays OPEP surproduisent et que d'autres ne respectent pas leurs engagements. Beaucoup de choses avaient été dites, par exemple, au sujet de la baisse décidée à Oran. A-t-elle été appliquée par tout le monde ? Certains estiment qu'elle l'a été à hauteur de quarante-cinq pour cent au départ. Aujourd'hui, l'OPEP veut qu'elle le soit à soixante-quinze pour cent. Il faut dire que l'égoïsme de quelques pays OPEP qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez l'emporte ainsi sur les intérêts de l'organisation. Le paradoxe n'était et n'est toujours que sur le plan théorique ; chaque pays membre se montrant fidèle à la ligne de conduite de l'organisation. La preuve, surla baisse record décidée à Oran, tous les membres étaient d'accord avant même que ne commence la conférence extraordinaire en question. Celle-ci, il est utile de le rappeler, n'avait pas pris plus de temps que prévu. C'est dire que le consensus était dans l'air, la décision tranchée sans fracas, car l'OPEP n'avait pas d'autre choix que d'abaisser ses volumes de production. L'Arabie saoudite, généralement frileuse quand il s'agit d'opérer des coupes sévères, avait fait preuve d'enthousiasme et avait appelé à réduire et de manière substantielle. Aujourd'hui, la tempête semble passer et l'OPEP ne compte pas modifier ses quotas. Pas avant 2012, en tout cas. La majorité des pays OPEP considérait qu'un prix à 75 dollars le baril serait «juste et raisonnable». Et c'est le prix dont les producteurs ont besoin pour maintenir des investissements suffisants afin de fournir une offre adéquate pour les besoins futurs de consommation. Pour les producteurs, des prix bas infligent des dégâts à l'industrie et menacent les investissements présents et à venir. Reste qu'une volatilité accrue des cours n'est dans l'intérêt de personne. Des fluctuations sauvages des prix du marché affectent les pays dans le monde entier et font du tort pareillement aux producteurs et aux consommateurs, disent des spécialistes. Y. S. L'Ukraine à court de liquidités La direction du géant russe Gazprom a indiqué que l'Ukraine avait réduit ses achats de gaz russe depuis mi-décembre, ce qui signifie que ce pays a des problèmes de liquidités pour payer ses factures. «L'Ukraine a de graves problèmes pour payer», a déclaré Alexei Miller, P-DG de Gazprom sur une chaîne de télévision russe, cité par l'agence de presse Ria-Novosti. «Nous entendons et voyons que l'Ukraine est en train d'avoir de très grandes difficultés pour régler les livraisons de gaz russe pour décembre», a-t-il ajouté. En janvier 2009, une dispute entre les deux pays avait conduit à une interruption de l'approvisionnement de gaz russe en Europe pendant deux semaines en période de grand froid. Et une série de réunions avait eu lieu entre Russes, Ukrainiens et responsables de l'UE pour débloquer les livraisons gazières R. E.