Février 1989-février 2009. C'est l'âge de l'amendement de la Constitution ayant précédé celui intervenu en novembre dernier et qui a cette particularité d'avoir mis l'Algérie sur les rails du pluralisme et de l'ouverture démocratique et ce, après plus d'un quart de siècle d'une gestion du parti unique. Deux décades d'exercice démocratique consacré par les nouvelles dispositions du texte fondamental du pays et qui ont donné lieu à une multitude de formations politiques, de titres médiatiques indépendants, d'associations et d'organisations socioprofessionnelles n'ayant pas hésité à émerger à la faveur de cette nouvelle ère qui s'annonçait prometteuse pour l'Algérie. Vingt ans après ce tournant historique de l'histoire de l'Algérie moderne, quel bilan en tirer ? Pour les dirigeants du pays, l'Algérie peut se targuer d'être considérée comme une expérience démocratique arabe singulière en raison des nouveaux champs d'expression qui s'offraient à la classe politique et à la société civile algériennes. Plusieurs élections présidentielles, législatives et locales mettant en scène les différentes sensibilités du pays. Mais si l'on se réfère à l'appréciation de l'opposition, l'Algérie enregistre un recul flagrant en matière de pluralisme politique notamment, l'expérience démocratique n'étant qu'une façade qui sert à soigner l'image de marque du pays et une vitrine reluisante vis-à-vis de l'étranger. Ainsi, les partis d'opposition dénoncent un jeu politique de plus en plus fermé en raison du rétrécissement des espaces publics d'expression. Ils en veulent pour exemple flagrant l'accès non équitable aux médias lourds, notamment la télévision, qui favorisent davantage les partis du pouvoir, ceux-là même qui se sont coalisés au sein de «l'Alliance présidentielle». Une Alliance, accuse l'opposition, qui nous renvoie en réalité aux pratiques et aux discours de l'ère du parti unique. Autre indice de cette «démocratie de façade», l'hégémonie de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sur les syndicats autonomes qui peinent à se faire accepter par le pouvoir. Aux partis de l'opposition ou dits démocratiques, il est reproché leur incapacité à se présenter comme une alternative au pouvoir en place, au moment où l'opposition se plaint de n'en avoir pas eu l'opportunité. Et c'est pour dénoncer cet état de fait que des partis comme le Front des forces socialistes (FFS) ou le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont décidé de ne pas prendre part à la future présidentielle d'avril 2009. Le premier ayant décidé d'un boycott actif et le second ayant opté pour le gel de ses activités politiques. M. C.