L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé, dimanche 15 mars, à Vienne, de laisser inchangés ses quotas de production. Une mesure inattendue ? A priori oui. Tout le monde s'attendait à une baisse sensible de l'offre pétrolière de l'OPEP. Que s'est-il passé au juste à Vienne ? L'organisation a-t-elle subi des pressions ? Et de la part de qui ? La décision prise par l'OPEP survient deux jours après l'appel téléphonique du président américain Barack Obama au roi Abdallah d'Arabie saoudite. M.Obama aurait-il suggéré au roi qu'une réduction des quotas OPEP ne serait pas souhaitable dans un contexte de crise économique à l'échelle mondiale ? Si cela est vrai, ce sera un cadeau de bienvenu à Barack Obama. Y aura-t-il pour autant changement dans les rapports entre l'OPEP est la nouvelle administration américaine ? C'est peut-être ce à quoi faisait allusion le secrétaire général de l'OPEP, quand il a souligné, depuis Vienne : «Je ne veux pas dire que j'ai voté Obama, mais que nous entendons un ton nouveau que nous n'entendions pas par le passé». Et d'ajouter : «Nous avons perçu une approche positive. Ils sont prêts au dialogue et prêts à discuter; nous aussi». Il faut dire qu'au temps de Bush, l'OPEP n'était pas dans les bonnes grâces des responsables américains au point où l'administration de l'époque faisait agiter la méthode forte : ester en justice l'OPEP et faire voter par le Congrès des sanctions contre elle. Les choses en sont restées au stade de l'intention. La réunion du G20, attendue pour le 2 avril prochain à Londres, semble avoir pesé également dans la prise de décision en question. L'Arabie saoudite y est invitée et il n'est pas exclu que cette conférence ait été évoquée dans la conversation entre Obama et le souverain saoudien. Les Saoudiens ne souhaitent pas se montrer hostiles à une réunion du G20 qui essaye de dégager des solutions à la crise financière internationale. D'ailleurs, dans son communiqué final, l'OPEP a noté qu'elle «espère que les décisions qui seront prises lors de la réunion du G20 pourront contribuer à une amélioration sensible de l'économie mondiale». C'est une manière claire de vouloir se mettre à contribution pour soutenir le processus de règlement de cette crise. L'OPEP a indiqué que la détérioration de l'économie mondiale, dont la reprise passe entre autres par un pétrole à prix raisonnable, avait été déterminante dans sa prise de décision. Les Saoudiens qui estimaient, il y a quelques mois, qu'un baril de brut à 75 dollars est raisonnable, semblent avoir changé d'avis. Le ministre saoudien du Pétrole a déclaré hier que le prix «idéal» du baril de pétrole se situe «entre 60 et 75 dollars». Hier, les cours de pétrole se sont repliés. Sur l'InterContinental Exchange de Londres, le brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le dernier jour de cotation, cédait 1,97 dollar par rapport à la clôture de vendredi dernier, à 42,96 dollars le baril. A New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en avril perdait 1,97 dollar également, à 44,28 dollars. Alors que les prix s'étaient raffermis la semaine dernière dans l'espoir d'un nouveau tour de vis de l'OPEP. Y. S.